De Breacher à Homonovus

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Mouvementation ( Jaffelin)
A. Oehrde : Mouvementation du temps et des choses : d’après Jacques Jaffelin.



5/11/06

”Il s’agit donc bien de passer du désir d’explication à une logique d’implication. "Il n’y a rien à savoir", affirme Jaffelin, "seulement un monde humain à inventer en permanence". La présente théorie se conçoit elle-même comme une nouvelle technique de pensée, dont le seul intérêt réside dans le bienfait qu’on peut en tirer. Ce bienfait apparaît déjà -nous semble-t-il- lorsque Jaffelin nous oblige à reconsidérer la plupart des concepts "clos" qui nous sont familiers (code génétique - communication - conscience - univers - système -auto-organisation, etc.) pour ne conserver que ceux qui expriment des processus et non des états. Il part à la chasse aux distinctions, préférant ne pas séparer les objets de leurs mouvements, les messagers de leurs messages. Tout mouvement, toute innovation transforme et le monde et celui qui l’opère. Il est donc plus juste de conjoindre forme et mouvement, matière et espace, espèce et environnement, etc., quitte à créer des néologismes tels que "trans-forme/mouvementation", par exemple, et de toute façon à changer radicalement d’axiomatique.


Dans sa perspective, nous sommes amenés à considérer toute quête des origines (de la vie, de l’univers) comme illégitime. Tout se transforme en permanence : "nous sommes aveuglés par 20 siècles de conception identitaire et numérique", affirme-t-il et il nous invite à considérer toute mesure du temps, qui suppose un référentiel mécanique (autoréférence), un commencement, comme "une flèche vide". L’irréversible, à ses yeux, engage par définition l’imprédictible, l’incertain…

Faute de pouvoir prédire et prévoir, cet aventurier qui "navigue dans l’ailleurs de tous les systèmes philosophiques" (E. Klein) nous invite à pratiquer essentiellement "l’art de penser" et de choisir comment continuer la transformation du monde humain ainsi que la transformation relative des mondes organiques et minéraux, sachant que "la seule esthétique qui vaille et le seul art qui mérite d’être cultivé, c’est celui des relations humaines".

Marcelle Maugin"

dans "http://www.mcxapc.org/cahier.php?a=display&ID=124"
et que vous adresse un lecteur de vos pages Lacunar


18/05/07

Une protéine globulaire c’est déjà, à l’échelle moléculaire, une véritable machine par ses propriétés fonctionnelles, mais non, nous le voyons maintenant, par sa structure fondamentale où rien ne se discerne que le jeu de combinaisons aveugles. Hasard capté, conservé, reproduit par la machinerie de l’invariance et ainsi converti en ordre, règle, nécessité. D’un jeu totalement aveugle, tout, par définition, peut sortir, y compris la vision elle-même. Dans l’ontogenèse d’une protéine fonctionnelle, l’origine et la filiation de la biosphère tout entière se reflètent et la source ultime du projet que les êtres vivants représentent, poursuivent et accomplissent, se révèle dans ce message, dans ce texte précis, fidèle, mais essentiellement indéchiffrable que constitue la structure primaire. Indéchiffrable, puisque, avant d’exprimer la fonction physiologiquement nécessaire qu’il accomplit spontanément, il ne révèle dans sa structure que le hasard de son origine. Mais tel est, justement, le sens le plus profond, pour nous, de ce message qui nous vient du fond des âges."

(J. Monod, Le hasard et la nécessité, p. 128, Seuil 1970, Points)


20/07/06

A quoi sert le sacrifice, celle, ici, de la croix pour nos contemporains ? Cette croix d’abord est non-apostolique ou, pour moi, détournée à dessein de toute sa sainteté névrotique pour une bonne visibilité universelle. D’abord c’est un croix pour avortons mâles, nés dans un monde marchand, c’est-à-dire un radeau de la méduse; celui, plat, qui instaure ce monde aplati. L’HOMONOVUS « éveille » ces mâles, joliment exposés nus sur la croix romaine des bernés/bornés/mort-nés de tout poil, on les éveille pour les inviter à se glisser dans la peau de « l’homo novus », gamme se nuançant du guerrier noble, du toréador racé, des indicibles clitoridien(ne)s, aux tendres au cœur de héros, tous ceux qui du hasard ont reçu en partage la nécessité d’une grâce. Avortons, sans doute (socio-biologiquement) mais « sublimes » s’ils en ont les capacité & volonté, voire la prédisposition… De vos martyrs, Nietzsche dit (Par delà Bien et mal) : « Ce sont de tels hommes (avortons) qui avec leur « égalité devant dieu », ont règné jusqu’à nos jours sur le destin de l’Europe, jusqu’à ce qu’enfin soit produite une espèce amoindrie, presque risible, un animal grégaire, quelque chose de bienveillant, de maladif et de médiocre, l’Européen d’aujourd’hui… ». Rajoutons l’effet machine-à-surpeupler : tout ce qui, trop nombreux, s’entasse dans le char-navette de ramassage, dans la benne pour avortons même plus sublimes. Le résidu, tant pis ou tant mieux, ce n’est plus le problème, pas plus pour le bipède que pour le rat. Donc le sacrifice est inscrit (et doit être reconnu) dans la nature de la réalité bio-socio-capitalistique pour éveiller et lui soustraire vos adorables Breachers.

SNT


10/8/06

Comment le Breacher transévalue-t-il le complexe de castration, la découverte archaïque du désir de la mère dont il est l’objet perdu, donc ces entrailles fécondes qui devienent aussi l’impureté de la vie ? Freud attrape la légende de Moïse pour créer le Juif qui, lui, fait naître son Dieu Yahvé-le-terrible, en d’autres mots, pour établir son identité virile dans le plus hautes sphères des Totems-tabous. A tel point qu’il s’imagine - découverte ! - le Golem, où le Père fait naître son fils en le tirant de la glaise, puis le sculptant à son image. Le Père devient fécond d’un fils pur (xf. aussi Mahomet, qui sort pur, circoncis et sans cordon ombilical du ventre de sa mère…). Le christianisme fait évoluer la chose en apportant une poésie ou une perversion virile intéressante. Le Fils de l’homme sort des entrailles d’un hermaphrodite, une vierge femelle inséminée par l’esprit pur du Père dont il prend ensuite la place pour être universellement adoré. Il est l’objet hybride, le bébé et l’argent du beurre, homme nu, exhibant sa souffrance pour éblouir par sa loi subtilement castratrice les fils de famille cette fois doublement châtrés : il n’y a plus ni père (tué par Jésus) ni mère (à qui il est accordé l’esprit du père) mais la Loi Matronne et Patronne d’une multinationale de prostitués. L’histoire des religions, selon Boe-Freud, aboutit à la conclusion que l’homme crée l’homme, pour former la nouvelle horde. Le complexe de castration devient que je désire mon propre désir, Narcisse (tant il est vrai que les Grecs avaient tout compris) qui, s’il n’était que frustré de l’objet de son désir, meurt. Mais Narcisse, Nathanaiel, sourds aux esprits du passé qui font écho vainement, sort de la horde, beau, hybride, fils de sa propre materpaternité, avance vers le miroir de la Rencontre, devient le Tendre Guerrier, s’abouche avec ses frères-sœurs, ses je-nous de toutes races (à condition que la bionature les y prédispose) pour leur transmettre son souffle altrérotique. De leur étreinte jaillit la lumière du ciel avec ses étoiles guides et travailleuses.

Nous sommes donc des objets physiologiques bourrés d’éléments amibiens, protozoaires, atomiques, énergétiques… etc. Emergé sur la planète terre, par un effet de jeu de dés de Totemcela, Homolibido (chose écumante de vitalité érogèno-reproductive tous "genres" confondus), - "Objet au hasard abandonné" (Héraclite) - est obligé de porter sur deux "jambes" une tête qui va se raconter des histoires. Il devient fabriquant d’histoires (mytho-théogoniques). Grand consommateur aussi, puis producteur mercantile de matière et d’histoire, et nous voilà au Néolithique, puis au post-Néolithique, c’est-à-dire aujourd’hui. Très nombreux, trop nombreux ?

L’histoire de Homonovus commence selon les "lois" de l’éterner retour (ou détour). Évolution cahin-caha, domestication brutale, extinction, dieu seul le sait, comme on disait autrement, cultu(r)ellement formulé (ou encore au plan émotionnel-libidinal et mortel), mystère, poétique, politique, prothétique… Je ne crois pas, pour ma part, que la robotisation transformera radicalement le "programme" émotionnel-libidinal-mortel de l’espèce problématque ; ce ne serait plus la même histoire, ni le même phénomène "Monde terrigène"… (cf la science-fiction).

Bref, il y a du travail pour les nouveaux prophètes…

DJ


25/9

"écoutez, écoutez: je le sens au bord de mes lèvres… écoutez, je vais chanter:

les mots habités, paroles-âmes, que l’univers alentour nous souffle la parole, la parole qui circule dans nos squelettes, celle qui nous dresse, égaux aux dieux… apprendre, apprendre à retenir un instant la parole, les mots qui courent dans le sang avant qu’ils ne s’envolent avec le vent; attraper les mots comme un chasseur de papillons, les coucher, les accrocher encore vivants, mon âme-corps-parole afin qu’elle parle même si le vent l’emporte, même si je ne suis plus là: et l’homme chante, et l’homme danse, et il est un dieu, et il est un Breacher… l’amour dans chacun de nos gestes…

ils l’avaient trouvé, et pourtant, eux, voulaient encore chercher: c’est en cela qu’ils sont encore humains, le doute n’effleure jamais les dieux… Et pourtant, ils, il, l’avaient trouvé, mais ils n’osaient y croire, ils comprendraient plus tard: Ce n’est pas tant trouver qui compte, c’est de savoir qu’il n’y a plus rien à chercher… Oui, le doute, le doute n’effleure jamais les dieux…"

Breachangel


30/9

Je suis bien d’accord que tout ce qui provient du Chaos, du Tohu Bohu initial reste pour nous - pauvres chercheurs - enveloppé de mystère "totipotent", mais il nous est donné d’en pouvoir étudier à loisir les effets existentiels/essentiels. Notre bios baigne dans un univers d’effets sans causalité, puisque jusqu’en haut de l’échelle de notre savoir activiste une quelconque cause première reste - jusqu’à nouvel ordre ou désordre - incomputable. La demiurgie demeurant dès lors et décidément inaccessible à partir de l’étude des molécules, voire même des protéines (protéomique), il nous/vous reste la liberté de penser la Biologie, ses types et ses genres sous leurs aspects créatifs-littéraires-esthétique. Ni plus, mais ni moins. Après tout, la chose-de-besoins qu’est notre corps, parle, inclut dans sa structure biochimique l’effet du langage. Alors pourquoi s’en priver ? Je vous suggère ici quelques formules "breacherisantes" de Ch. Mopsik* tirées de ses études cabalistiques. Sachez, Breachers, que vos ancêtres s’adonnaient, selon l’angélologie, à la "sociurgie" ; la capacité magico-religieuse de créer du social et - abstraction faite de toute considération psychomentale - de projeter dans "le ciel" un idéal d’excellence. Offrons-nous, avec Mopsik, ce plaisir. "La société contiendrait cachée en elle-même les éléments d’une déstabilisation créatrice…" Un Breaching dirait Garfinkel. Activité sociurgique de l’imagination qui vise "à faire éprouver une expérience extatique ou littéraire transformatrice". Les effets neurochimiques, mettons, de votre parole créerait à terme la mutation souhaitée de l’Homonovus. A nous, chercheurs, d’en prendre acte, le jour venu… Le Breacher a-t-il un problème identitaire ? Aucun souci : "Il arrive même que leur Chef les prive momentanément de leur identité fonctionnelle, change leur sexe, leur forme, leur éclat lumineux afin qu’ils éprouvent devant lui une peur panique et qu’ils acceptent son autorité (…) Ce n’est qu’après qu’ils retrouvent leur semblant d’identité." Le Breacher-ange veut mieux, plus beau, plus tendre, plus doux, plus vrai, plus lumineux et son sens critique est à la hauteur de ces vertus magiques : "La liste des griefs des anges envers les hommes est longue ", en effet. Pour eux, "l’homme idéal, élevé, (…) est introduit dans une société idéale, la société des anges", dont acte. Pour le Breacher le corps n’est pas un simple objet de la nature, il n’est pas prisonnier de celle-ci, "qui n’est qu’un tombeau pour l’esprit (soma-séma)". Plus loin, on trouve une image plus biocosmologique tout à fait intéressante, sous la plume d’un cabaliste du XVIe S. : "Sache que l’homme a été bâti à l’image de la structure de tous les degrés d’organisation du cosmos, et l’âme qui est en lui et qui le maintient dans l’existence pendant un temps déterminé est constitué et composé d’esséités surpêmes. Tant que l’âme est en lui il ressemble au macrocosme, c’est pourquoi l’homme est appelé microcosme." Un lien de famille unirait les Breachers, "si bien qu’on peut parler d’une sorte de généalogie des âmes qui enveloppe et bouleverse la généalogie historique des corps". Corps résolument empathiques, voués à l’amour. Brécher l’histoire des corps afin que ce corps nouveau sois pris "par des liens d’amour" où, "si l’on préfère se servir d’un image plus moderne, chaque âme fait figure de neurone d’où partiraient des synapses dans toutes les directions le reliant à tous les autres neurones". Tout ces éclectiques émanations affectives se concentrent, plus cabalastiquement dans la première des sefirot : la Couronne, "qui joue explicitement le rôle de mère pour l’ensemble de ces émanations (…) Elle est le réceptacle de la projection séminale de sa pensée procréatrice." Pour d’aucuns anciens cabalistes "la procession des sefirots est présentée comme l’écoulement séminal depuis leur source, où elles étaient comme des traces subtiles encore indistinctes". Cerise sur le gâteau de la Couronne (qui figure le cerveau mâle) : "En lui subsistent en puissance tous les engendrements, et de là ils se séparent. Le cerveau fait vraiment figure ici de matrice supérieure recevant les semences sefirotiques avant qu’elles ne se distinguent et ne se répandent dans la structure émanatrice." Cabale ou pas, la biologie n’est pas loin…

A. Gyl

(A suivre.) ° C. Mopsik : Chemins de la Cabale (Éd. de l’Éclat)


7/10

Voici juste un extrait de Ni Dieu ni gène* où un des auteurs définit leur concept analogique de notre Breacher issu d’une totipotence « aveugle » (ou variablité hasardeuse) cellulaire au stade de l’embryon : Tout au long du livre le « mystère de la totipotence cellulaire » (MYTOTEMCELL) reste sousjacent, en suspens. A l’intelligence, la sensibilité du phénotype (homme par ex.) de se « débrouiller » avec son « capital » de bouillon de culture protoszoaire, enzymique, bactériel ou donc moléculaire, une fois qu’il devient un grand garçon souffrant, curieux, maladroit, avantageux ou nul par rapport à son environnement phénoménal.

« ON suppose que les cellules peuvent se différencier spontanément lors d’événements aléatoires et que les interactions cellulaires interviennent pour canaliser et stabiliser les cellules dans des états de différenciations adéquats.Dans ce cadre, la liberté des interactions moléculaires est totalement assumée. Elle est même un élément central puisque’elle est la source des ces événements aléatoires. (…) Le modèle darwinien permet donc de penser réellement l’émergence de l’hétérogénéité cellulaire à partir d’une cellule unique ; et il entre bien dans le cadre général de liberté biologique tel que nous l’avons défini : les événements du niveau moléculaire, interne aux cellules, sont triés par les interactions au niveau supérieur des relations entre cellules. Dans la mesure où il repose sur un postulat d’instabilité des celulles, ce qui crée problème et doit être expliqué, ce n’est pas que les cellules se différencient, puisque c’est leur tendance spontanée, mais au contraire qu’elle puissent se stabiliser dans des états comuns à nombre d’entr’elles. Ce modèle revient ainsi à transformer la différenciation en problème d’identification cellulaire. C’est ce concept que nous utiliseront dorénavant. » (J.J Kupiec)

« …Le modèle darwinien suppose (donc) une composante aléatoire et semble aller à l’encontre du bon sens. Cette opinion provient d’une incompréhension profonde, et malheureusement très répandue, sur la signification et les propriétés d’un phénomène aléatoire. Il est erroné de penser qu’un phénomène dépendant d’un événement aléatoire n’est pas reproductible. Il peut même conduire à faire des prédictions très précises. (…) Lorsqu’on oberve des populations comportant un très grand nombre de molécules, le comportement global de la population semble déterministe, alors que les événements sous-jacents sont aléatoires. »

ON TROUVE TOUT CE QU’ON VEUT DANS CE LIVRE. Surtout une grande libérté (qui n’est pas nécessairement rassurante qualitativement) : « Lorsqu’on met deux molécules en présence il y a en permanence des événements d’association et de dissociation. Les constantes d’association et de dissociation décrivent la stabilité du complexe moléculaire. La deuxième conséquence est qu’on doit aussi abandonner une description qualitative (spécifique). Toutes les molécules peuvent interagir entre elles avec des constantes cinétiques plus ou moins fortes. Dans les cas extrêmes, certaines molécules ont une très forte tendance à s’asscoier et d’autres, une très faible. Entre ces deux cas extrêmes, on trouve une échelle de cas intermédiaires. Les interactions moléculaires se caractérisent non par l’exclusivité dans le choix des partenaires mais, au contraire, par une très grande liberté ».

Ne pas se livrer à des tentations de réductionnisme en raison du fait que « l’ordre repose sur un fond de désordre. Au niveau individuel, les atomes et les molécules sont soumis au hasard du mouvement brownien, cette agitations perpétuelle et désordonnée des molécules et des atomes… Leur agitation thermqiue, etc… » (Monod; voir aussi plus haut) : cité notamment quant au champ d’application de cette totipotence mystérieuse du matériel cellulaire du macro au micro, et lorsqu’il s’agit, par exemple, pour l’homo-sapiens phénotypal breacherisé de réflechir, de qualifier des types d’altérité, pour se reconnaître et s’unir dans la singularité empathique d’un « je-nous » : « La notion de complexe stéréospécifique (stéréo, du grec « solide ») non-covalent ne s’applique pas seulement aux enzymes ni même seulement aux protéines. Elle est d’une importance centrale pour l’interprétation de tous les phénomènes de choix, de discrimination élective, qui caractérisent les êtres vivants…

* Ni Dieu ni gène, Jean-Jacques Kupiec et Pierre Sonigo, Seuil.


5/5/07

cf. l’article sur les "Mèmes" par Pascal Jouxtel :

http://www.memetique.org/citationdujour/index.php


15/6/07

La sapience est la science de l’illusion, de la Realusion. Celle d’une esthétique, d’une politique mais qui - par choix - baigneraient pour nos Breachers constitutivement dans l’alterattirance empathique; la sapience "concilie en lui l’observé et l’observateur, et fait de lui l’observateur observé et l’observé observateur". Il incarne une polyvalence de l’observation; cette sapience plonge le breacher dans une autre configuration mentale, une realusion, cette realusion étant un "véhicule" fonctionnel de son agir. Pour agir il faut parfois oublier ce que l’on sait: "le breacher est celui qui non seulement connaît les règles, les rites, les ordres, les implicites des conduites, mais en outre peut les assimiler au point qu’il ne les discerne plus, afin d’agir dans la sphère où il se trouve. À ceci près que, quels que rares que soient ceux qui ont pu pénétrer dans leur monde mental, nous savons qu’ils sont membres d’une collectivité d’affect autre, mais nous sommes encore incapables d’interpréter ou de décrypter leurs conduites implicites et nous restons le plus souvent médusés devant leurs rites et leurs règles." Même nos méthodes ethnologiques sont devenus faillibles face à cette espèce passée maître dans l’art - dans la sapience - de la realusion; acteur d’une fable qui nous échappe ; il feint, c’est également son subterfuge - mais par jeu fonctionnel, par un oui à sa phylo-ontogénèse, et avec tout le serieux des jeux d’enfant -, d’être maître des éléments qui lui échappent. Evidemment, à la diffrence de ses ancêtres, au terme du jeu, au terme de chaque acte, il ne s’accroche pas, ne se perd pas dans l’illusion dont il a été le joueur et le joué/jouet. Respirant Mytotemcella par tous ses constituants, "designer" d’une marque de "destin" ouvrant une porte-évidence qui s’empare des corps, il regarde en arrière, faisant face au désastre de l’humain avec une vaillante clairvoyance, sans y déchoir, tout en reculant vers un avenir qui attire irrésistiblement… Ils se fait invisible pour renaître là ou nul ne ment plus … La porte-arrière donnait sur mille déserts vides et froids, et celle, frontale, sur des futurs plus riches… Le Breacher a résisté á l’ébranlement de l’industrie des illusions; dans ces sables, il est descendu à des profondeurs quasi suicidaires… mais la vérité ne le fait pas périr… Par une mobilistion encore jamais vue de contre-energie (une néguentropie) créative, il est un survivant vacciné contre la folie de la vérité délétère de la condition humaine dévoilée… Découvreur… il danse avec le hasard, avec Mytotemcella à des altitudes prodigieuses - séjour dans le froid comme exil joyeux et volontaire - ses visions et ses œuvres l’éloignent des communautés humaines existantes. Il dérive de plus en plus loin, vers une situation d’externalité inexorable par rapport aux conventions mensongère des sociétés. Corps de résonance, penseur, chanteur, danseur, un organon de l’Univers, il observe en prenant toujours plus de distance avec les idoles du peuple, leur marché, et leur vaine agitaton…

(Les vielles illusions, fossiles, naissaient de la nécessité pour l’espèce humaine "ancêtre", "d’ordonner le monde, de dessiner dans le chaos du monde tel qu’il est des points de repère neutralisant la peur immanente de ce que l’homme appréhende comme inconnu." On y dit aussi que l’homme "a besoin d’identifier rapidement, comme en un mouvement animal de protection et de défense". Tout cela semble inné chez le Breacher: il dessine des points de repère, comme ethnomethode, comme véhicule, comme sapience pour voyager dans l’inconnu; sa realusion est un aquiescement au mystère hasard-magie de sa phylo-ontogénèse, un OUI à l’inconnu, au chaos, à l’étrangeté… Tout en gardant son corps, comme on garde sa raison).

Jaherson


25/6/07

Robert Cremean, extrait de Procuste in Situ (cf Site Lacunar.) "

(…) Quoique l’humanité sait qu’un changement radical et vital est intervenu dans la moelle même de la conscience, la guerre, la religion et la marchandise continuent leur contrôle partiarcal sur l’entéléchie des consciences. Ce triumvirat, avec son industrie de codes moraux et de métaphores, a enraciné sa symbiose absolutiste si profondément dans le présent qu’il paraît indépassable… Dans la lutte pour sauver nos peaux contemporaines, pour briser le cocon protecteur et procustéen, pour jeter par-dessus bord cette force propulsive - compusive ! - dont l’étreinte prolongée nous détruira, nous sommes condamnés à regarder au-delà du paysage surdéterminé de la réalité qu’engendra le masculin… Les antiques impostures et perversions deviennent de plus en plus ostensibles dans le triumvirat : guerre et commerce prospèrent impénitents dans leurs rêves machiniques, alors que la religion se gave de l’un et de l’autre dans son hypocrisie croissante de division et de haine… L’entéléchie masculine, se désintégrant comme manifestation d’une réalité, pour ne laisser que le noyau dur du triumvirat qui commande d’obéir : fondamentalismes religieux, militaire et commercial. La crainte, les menace, la marchandise sont les supports de cette domination. Cette dernière étreinte procustéenne doit être rompue… La fin de l’histoire ? La question fleure le solipcisme masculin. Nous sommes déjà au seuil d’une époque nouvelle, d’un concept nouveau du temps, une nouvelle entéléchie symbiotique. Et nous devons poser d’autres questions, des questions nouvelles… Une évolution différente se prépare tandis que l’humanité s’enfonce dans sa crise, entre vie et mort. L’égocentrisme masculin a prescrit son après-vie ; le Parallélisme Symbiotique laisse présager une vie après le genre humain. Le premier veut la mort de la vie ; le second la mort de Procruste. Voilà l’alternative : quelque chose de très vrai, l’autre très réel".

c-à-d : le breacher realusioniste. (C-F.J.)


30/07/07
Jean-claude Ameisen : "Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses": conférence 17 juin 2007

https://web.archive.org/web/20111230020340/http://cmb.ehess.fr/233


10/01/2008

(Différents extraits de la conférence de Carlos Frederico Dias au symposium « développement social et environnement » – São Paulo )
 
(…)La mort ?
On a longtemps pensé que la disparition de nos cellules - comme notre propre disparition, en tant qu’individu - ne pouvait résulter que d’accidents et de destructions, d’une incapacité fondamentale à résister à l’usure, au passage du temps et aux agressions permanentes de l’environnement.
Mais avec Jean-Claude Ameisen et autres Leigh Van Halen et sa théorie de la Reine rouge, nous savons aujourd’hui que la réalité est de nature plus complexe. Une vision radicalement nouvelle de la mort s’est révélée comme un mystère au cœur du vivant. Aujourd’hui, nous savons que toutes nos cellules possèdent le pouvoir, à tout moment, de s’autodétruire en quelques heures. C’est à partir d’informations contenues dans leurs gènes - dans nos gènes - que nos cellules fabriquent en permanence les "exécuteurs" capables de précipiter leur fin, et les "protecteurs" capables de les neutraliser. Et la survie de chacune de nos cellules dépend, jour après jour, de sa capacité à percevoir dans l’environnement de notre corps les signaux émis par d’autres cellules, qui, seuls, lui permettent de réprimer le déclenchement de son autodestruction.
Ces notions nouvelles ont commencé à transformer la notion même de vie. D’une manière troublante, contre-intuitive, paradoxale, un événement perçu jusqu’ici comme positif - la vie - semble résulter de la négation d’un événement négatif - l’autodestruction. Et un événement perçu jusque-là comme individuel, la vie, semble nécessiter la présence continuelle des autres, et ne pouvoir être conçue que comme une aventure collective.
Il n’y a pas de vivant isolé et qui ne soit en communication constante et vitale avec son environnement. Pour vivre, on a besoin d’un environnement qui ne soit pas trop défavorable mais surtout on a besoin de signaux d’encouragement pour ne pas mourir. Loin d’une supposée lutte à mort des dominants qui déciderait de la survie, c’est une mort intérieure qui nous ronge, un appel à l’aide originaire, une exigence de reconnaissance, une dépendance sociale primordiale. "A la base de chaque être, il existe un principe d’insuffisance" disait Georges Bataille dans son "Principe d’incomplétude". L’élan vital ne se fonde pas sur soi-même mais sur l’interaction avec les autres. On ne s’en aperçoit pas, sans doute, tant qu’on n’est pas exclu et rejeté de l’échange mais c’est le désir de l’autre qui nous fait vivre et nous sauve du suicide, jour après jour, jusqu’à la fin.
Naissance, vie, maladie, vieillissement, mort, etc, tout ce drame change de sens, de signification. C’est la chance pour un "horizon soustractif" (qui nommerait cet "envers" - du mixte technico-industriel - où "réside une source inespérée d’une autre puissance" - cf. A. Badiou), donc pour de nouvelles fables, de nouveaux symboles, agents destinaux actifs. Ce n’est une nouveauté que pour la biologie sans doute, mais il n’est pas inutile qu’elle rappelle à quel point la précarité fait partie intégrante de la vie, notamment de la vie humaine, tout autant que l’amour, ou la reconnaissance, dont nous avons tous besoin et qui nous sauve de la mort vraiment, du moins autant que le destin ne nous rejette pas dans le néant.
Comme pour l’expulsion du Jardin d’Eden, l’exil ôtait l’accès à un Arbre de Vie : la présence des autres. 
Mais il est d’autres variations sur l’exil dont la manifestation contemporaine est l’exclusion à l’intérieur de nos sociétés : l’abandon, la solitude, l’errance, la maladie et la mort de ceux qui, soudain livrés à eux-mêmes, sont hors du champ des relations d’interdépendance qui unissent les membres de la collectivité qui les entoure et les côtoie.


(…)
Symbole du grec sumbolon signifiait "mettre ensemble", "joindre", "échanger", "se rencontrer". A l’origine, "symbole" désignait un objet coupé en deux, et chaque morceau, appartenant à un individu, servait de signe de reconnaissance.
Diable vient du grec diabolos, diabolein – séparer, qui était l’inverse de sumbolon.
Le terme « religion » vient de religio, religo, qui se traduit par relire, reprendre, rassembler, ce qui attache ou retient, ou encore re-joindre ou re-lier, et exprime un lien à la fois sur le plan de la cohésion sociale et sur celui de l’attachement affectif.
(…)

La langue breacherisée.

Ainsi à la lumière de l’archéologie du langage, de l’histoire, que nous venons d’exposer, et des questions évoquées précédemment par Sloterdijk, Sibilia, et autres Ameisen, nous ne voulons rien entendre d’autre par religiosité, ou religion, que ce qui re-lie, uni par des symboles et des êtres – individus incomplets en soi, qui, rappelant un extrait de la sculpture du vivant retranscrit plus haut, nécessitent de signes de reconnaissance – sumbolom  pour la vie vivante, « aventure collective ». Dans son aventure scientifique, l’homme Ameisen ne faisait que redécouvrir, décrire de manière acceptable, c’est-à-dire scientifiquement, la notion pronominale reliante : « je-nous », déjà explorée par les boe Breachers de John Gelder : pour vivre les individus ont besoin d’interagir, d’être reliés avec des liens empathiques à l’autre. Le désir de l’autre est ce que je-nous exprimons de transcendance – le aller au-delà de soi d’êtres fragiles, précaires en leur immanence – imparfaits, voire incomplets en soi sans l’autre. Se transcender dans une langue breacherisée, c’est participer de cette vérité supérieure : ce qui nous sauve véritablement de la mort et nous plonge dans la vie vivante, c’est le désir de l’autre, une exigence de reconnaissance; c’est le désir de l’autre qui nous fait vivre et nous sauve du suicide, jour après jour, jusqu’à la fin. C’est ainsi et ici que l’ordre du discours scientifique à la traîne rejoint ce "diable" de boe Juan, diable qui sépare, oui sépare l’humain de l’objet perdu : l’humain mort dans l’homme sculpte le vivant, fécondité retrouvée, réinventée.

C.-F Dias

traduit du Portugais par l’auteur.



12/5/08

Je ne résiste pas au plaisir "alterempathique" de transcrire une lecture que je suis en train de faire de Levinas (de guerre lasse d’autres lectures)… Voici un partie de ce texte qui, TOUT SIMPLEMENT, si je saisis votre propos, contribue à éclairer le sens de votre Breacher-Homonovus : il est question dans ce chapître d’épiphénomène, de Rimbaud et son fameux "je est un autre", de matière ou "autre chose", de "franchise exposée jusqu’à à la blessure" de "la violence du verbe inouï".. de la "jeunesse (nietzschéenne) du dire" etc…, voici :


« Mais l’ouverture peut avoir un troisième sens. Ce n’est plus l’essence de l’être qui s’ouvre pour se montrer, ce n’est pas la conscience qui s’ouvre à la présence de l’essence ouverte et confiée à elle. L’ouverture c’est la dénudation de la peau exposée à la blessure et à l’outrage. L’ouverture c’est la vulnérabilité d’une peau offerte, dans l’outrage et la blessure, au-delà de tout ce qui peut se montrer, au-delà de tout ce qui, de l’essence de l’être peut s’exposer à la compréhension et à la célébration. Dans la sensibilité « se met à découvert », s’expose un nu plus nu que celui de la peau qui, forme et beauté, inspire les arts plastiques ; nu d’une peau offerte au contact, à la caresse qui toujours, et même dans la volupté équivoquement, est souffrance pour la souffrance de l’autre. À découvert, ouverte comme une ville déclarée ouverte à l’approche de l’ennemi, la sensibilité, en deçà de toute volonté, de tout acte, de toute déclaration, de toute prise de position – est la vulnérabilité même. Est-elle ? Son être ne consiste-t-il as à se dévêtir d’être ; non pas à mourir, mais à s’altérer, à « autrement qu’être » ? Subjectivité du sujet, passivité radicale de l’homme, lequel, par ailleurs, se pose, se déclare être et considère sa sensibilité comme attribut. Passivité plus passive que toute passivité, refoulée dans la particule nominale se qui n’a pas de nominatif. Le moi, de pied en cap, jusqu’à la moelle des os, est vulnérabilité. »

E. Levinas  in Humanisme de l’autre homme, (Poche livre), essai, CH. III, Subjectivité et vulnérabilté. p 103
Hugo E. 

"Le Darwin nouveau est-il arrivé ?…" (Projet © Parc/Lacunar.org)

A lire : de la part de Benjamin - 2/03/09 lu sur le site : www.lemonde.fr/technologies : 

"PEUT-ON HACKER LE CERVEAU ?

Dans la perspective d’une convergence des nouvelles technologies dans ce qu’on appelle les NBIC (neurosciences, biotechnologies, informatique et cognition, voir l’explication qu’en donne Jean-Michel Cornu)1-, la cognition est celle dont la présence reste la plus mystérieuse. Il est facile de saisir l’aspect technologique des nanotechnologies, de la biotechnologie ou, bien sûr, de l’informatique. Mais la cognition n’est-elle pas quelque chose de plus abstrait, de plus fondamental ? Ne se trouve-t-on pas plus dans le domaine de la science pure, à la rigueur de la médecine alors que les trois autres initiales désignent plutôt de nouvelles branches de l’ingénierie ?"

Remy SUSSAN (suite)

1- Jean-Michel Cornu : “Une entreprise particulièrement exigeante consistera à développer une structure hiérarchique susceptible d’intégrer les sciences […] Depuis maintenant plus d’un siècle, les gens éduqués ont compris que la connaissance pouvait être organisée sous la forme d’une hiérarchie de sciences, avec la physique pour base, puis montant vers la chimie et la biologie, jusqu’à la psychologie et l’économie. Mais nous parvenons seulement maintenant à voir en détail comment chaque niveau de phénomène repose sur l’échelon du dessous et comment il informe ce dernier. Certains partisans de l’indépendance de la biologie, de la psychologie et des sciences sociales récusent un tel réductionnisme, affirmant que leurs divers champs de recherche avaient mis en lumière des vérités autonomes qui ne peuvent pas être réduites aux lois issues d’autres sciences. Mais une telle attitude centrée sur chaque discipline est autodestructrice, parce que toutes les sciences progresseront mieux dès lors que l’on reconnaît les connexions qu’elles entretiennent entre elles.” 

(Se reporter à:)

http://www.internetactu.net/2008/12/09/prospectic-1012-ya-t-il-une-convergence-des-sciences/


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