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Une tribu qui donne corps au réseau… A Tribe hits the Web… photos "Bacchanale" : Pierre Troller |
- Le webtriber sera un bâtisseur de "Cathédrales" : il confèrera de la solennité aux boites-à-lettres électroniques et insufflera de la noblesse aux architectures algorithmiques. - Le webtriber n’est pas un bon commerçant, mais il aime le troc. Il aime les échanges, mais les sait et les veut improductifs ; ils cherche dans toute transaction le partage affectif et la richesse émotionnelle. - Ce qu’il configure sur son site est un affect, cela est "affecté" à d’autres (et à d’autres sites) et rien ne lui appartient de ce qu’il est ou invente qui ne soit partageable avec autrui. - La qualité de ses inventions, il la mesure à l’usage que l’autre veut et peut en faire, sa richesse n’est richesse que dans la mesure où il peut en être dépossédé - le partage à laquelle cette richesse incite. C’est quand ses idées entrent en symbiose avec celles des autres, au point qu’on ne sait plus à qui appartient quoi, qu’il ressent l’émotion forte d’une vraie interactivité. - La tribu des webtribers répugne aux univers parallèles ; elle considère qu’il en va d’un geste d’empathie et de fraternité d’emprunter au domaine de l’autre en vue de l’enrichissement d’une commune intelligence. Il n’a plus cette vision narcissique de la propriété qui était celle des sociétés marchandes d’hier et d’aujourd’hui. - Les webtribers sont des coinventeurs: leur religion est dionysiaque en ce qu’ils s’excèdent en l’autre. Prendre et être pris, voilà ce qui les enivre… - Le "webtribing" est une avancée vers une morale émergente relayée par des petits groupes aux affinités techno-électives, porteuses de valeurs culturelles se renouvelant toujours. - Le webtriber est un Breacher : il violente le réseau, mais en douceur. Certains, parmi eux, imaginent une possible relation symbiotique entre l’homme et la machine où les deux fusionneraient dans un état "métabiologique", mais à condition de multiplier leur pouvoirs intellectuels. Ils appartiennent à la tribu des avant-gardistes bienheureux. - Néanmoins, le webtriber rompt avec la vision erronée qui considère que la technique et l’art sont substantiellement synonymes. Moyennant une programmation sophistiquée, l’on parviendrait à produire une littérature, une musique, de la peinture, de l’art mémorables…Mais comme le clamait Ad Reinhardt, " L’art c’est l’art, tout le reste c’est tout le reste…" - Ce que le webtriber nomme, il l’a déjà cédé ; ce qu’ailleurs il découvre nommé lui appartient déjà ; au travers cette "désappropriation-appropriation commune", consentie par affinité, il affermit les liens de sa tribu. - Quand il "plante" sa machine, le webtriber ne lui adresse pas d’invectives, non point qu’il la sait plus rusée que lui, mais il garde en toute circonstance sa dignité. Il sait qu’au redémarrage il retrouvera son correspondant aussi ardent au dialogue qu’il l’a laissé. -Les Webtribers s’entraînent mutuellement dans d’innombrables aventures virtuelles où l’esprit et le savoir cohabitent avec de subtiles complicités et un imaginaire bon cru. Ils se savent amis avant même de se connaître et se connaissent avant de s’être rencontrés. - Toute invention est un acte rituel ; un rite de passage vers l’autre qui fait de certains sites, rares, un lieu d’initiation privilégiés. Là aussi, l’initiation est l’initiation, tout le reste est le reste. - Le Webtriber peut instiller au réseau son "pouvoir phéromonal". Il n’est pas improbable qu’un jour, visitant votre site, il y laisse une trace charnelle. - Certains s’interrogent : l’espèce survira-t-elle ? Le webtribing peut-il participer à une spéciation comme conséquence de la mise en œuvre d’anthropotechnologies éprouvées ? Mais l’espèce est l’espèce… Jacques DAUPHIN/John GELDER. |
- The Webtriber will be a builder of "Cathedrals" : he will confer validity to e-communication and provide algorithmic architecture with nobility. - The Webtriber is not a successfull salesman but, rather, he prefers to barter. He enjoys exchanging ideas and things as long as they are non-productive. In each transaction he seeks mutual sharing and emotional rewards. - When he builts his website, he does so with deep intuition in order to fully connect with others and other sites. Nothing he creates is his own, except that which he can share with others. - He measures the quality of his inventions by the usefulness of them to others. His only reward is when others wish to appropriate his efforts. This is the mutual benefit they share. When his ideas are symbiotic with others, so that one cannot discern the originator, then he experiences the fulfillment of interaction. - The members of a webtribe do not like parallel universes. They prefer a fraternal and empathetic appropriation of portions of the domains of others for mutual enrichment. They have abandonded the narcissistic idea of property which was promulgated by mercantile societies both today and yesterday. - Webtribers are co-inventors ; their religion is dionysian insofar as they can transcend themselves through "the other". To take or to be taken is what brings them ecstasy… - "Webtribing" is a step forward toward an emerging ethic which is relayed between small groups of unique techno-specialists, who are constantly renewing their values. - The webtriber is a "Breacher", but he violates the web compassionately. Some of them imagine a symbiotic relationship between man and machine, in which both would fuse into "meta-biological" state. This they hope will enhance their intellectual powers. Finally webtribers are happy "avant-gardists". - However, the webtribers rejects the faulty vision which maintains that technique and art are substantially synonymous. Thus, eventually, with the right programming one could never produce memorable literature, music, painting, or art… But as Ad Reinhardt exclaimed, " Art is art, and everything else is everything else…" - Whatever the webtriber gives a name to, he gives away ; whatever he discovers is simultaneously his own. Through this mutually consented "appropriation/disappropriation" process he strengthens the links of his tribe. - When he freezes his computer, the webtriber never rages at it. Knowing that the machine is more intelligent than he, he keeps his dignity, because he realises that his correspondent, if he loses her, will be back as ardently as ever once he boots up again. - Webtribers train each other in numerous "virtual" adventures where spirit and knowledge are wedded with subtle togetherness and exquisite imagination. Before webtribers meet, they are already friends and they know each other intuitivelybefore they met. - Every invention is a ritual act: a "rite of passage" which makes certain sites the ultimate location of an initiation. Initiation is initiation, all the rest is the rest… - The webtriber can infiltrate the web with "Pheromonic power". Quite probably one day a he will hit on your site and leave a vestage of his physical presence. - Some people wonder : will our specie endure ? Will "webtribing", through fully experienced anthropotechnological processing, be the beginning of a new specie ? But a specie is a specie, and all the rest is the rest! Translation : Ron OFFEN. |