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Arnold Oehrde, 1936
« Ton dernier tableau
parle clairement : Moïse l’Egyptien,
fidèle envers et contre tous les apostats du premier dieu
unique : ATON, le Père de pureté et
d’énergie jusque dans la chair de son dernier et
tenace Prophète. L’énergie ici est
passée dans un moment de réflexion interprétative imagée et louable. “Mose” (le
mot égyptien “mose” signifie enfant,
abrév. de Amon-mose
: c-à-d, Amon-enfant, Tut-mose
– Tothmès, Ra-mose
– Ramsès…), appuyé contre une colonne
dorique,
la cuisse puissante, délaissant ses altères, ses
pompes et ses ’quatre-cents mètres contre la montre’,
paré de sa franche nudité circoncise de
patriarche fécond, songe à sa stratégie pour les
années à venir, dans le but de donner
à la Mésopotamie tourmentée et
déchirée par les luttes fratricide de
l’empire finissant des Akhénaton, un avenir digne
d’une tragédie moderne. Autour de son palais, les
esclaves sémites, fourbus et humiliés, taillent
les hiéroglypes. Leurs dieux, Jahvé en
tête, mais aussi ceux de Canaan, Moab et Amalek sont
cruels avec eux. Tout le contraire d’Aton.
La
stratégie de Moïse est au point : booster avec
l’énergie novatrice mosaïque un peuple déporté qui ne
demande qu’à s’offrir en ’élection’ à lui et
à son son
Dieu pur et juste. Cela tombe bien, il s’ennuie en Egypte,
l’armée s’est amollie, l’empire
s’effrite, il a besoin d’un fraternel exode vers
l’Est, de l’autre côté du Nil.
Ceux qui ont lu mon livre * savent ce qui en adviendra : il
réussit son plan, mais se heurte aux adeptes du cruel
Jahvé, les fils insupportables et franchement masochistes tranchent
en faveur du moins clément et tuent Moïse sur les
rives du Jourdain. Moïse en a la préscience.
À sa doctrine qui les incitait, vite
repentis du meurtre, à se souvenir, les Juifs
réagirent en niant leur acte et vont, sans plus, se contenter
de reconnaître le Père éminent que les
scribes du Deutéronome ont largement fantasmé.
Ultérieurement - tu l’as très
bien vu en plaçant l’éphèbe
Jésus sur l’épaule gauche de
Moïse, engendré comme Athéna du
crâne de Zeus ou, devenu Latin, de sa cuisse (à l’épaule droite,
“pour compléter le tableau”, tu aurais pu
peindre une petite vierge Marie !) - une partie de
l’histoire romancée de Moïse devient
celle de Jésus. C’est le repentir du meurtre de
Moïse qui a provoqué le fantasme du
désir d’un Messie, revenant sur terre pour
apporter à son peuple le salut et la justice qui
lui avaient été promis.
La suite, on
connaît : Paul (de Tarse), le continuateur du
judaïsme fut aussi son destructeur : Prophète dans
un monde pré-médiatique et romano-occidentalisant,
il renonce au signe visible extérieur de "l’alliance du peupe” : la
circoncision. En d’autres termes, ce n’est plus le
prépuce qu’on cannibalise, mais le corps de
Jésus tout entier, dans la barbarie miséricordieuse de la communion
hebdomadaire christo-catholique.
Laissons
conclure
notre Prophète lui-même (Gen.32, 5, 4, 13) :
“ Pour lui ils ne sont que
corruption, à cause de leur tare, ils ne sont plus ses fils,
C’est
une génération pervertie et
dévoyée.
Est-ce
là une façon de le traiter ?
Lui,
son action est parfaite, tous ses cheminements sont judicieux ;
Il
est juste et droit.
Il est seul à conduire son peuple
Il
lui fait enfourcher les hauteurs du pays
Pour
qu’il se nourrisse des produits des champs ;
Il
lui fait sucer le miel dans le creux des pierres,
Il lui donne l’huile
murie sur le granit des rochers…”
* Texte
établi par John Gelder à
partir de Moïse
et le monothéisme, de S. Freud pour "La petite loge illustrée" éditions Barde La Lézarde, - Journal d’un jour paru le 27 septembre 2007
https://shukaba.org
Breacher
voir : http://perso.orange.fr/marxiens/psy/moise.htm
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