Traité de Bouddhisme à l’usage du bourgeois d’occident

Tetsuo-Marcel Kato Couverture Traité de Bouddhisme à l’usage du bourgeois d’occident
Parc Édition
Titre
Traité de Bouddhisme à l’usage du bourgeois d’occident
Auteur
Tetsuo-Marcel Kato
Collection
Collection Grise 10 x 15
Type
Taille
80 pages
ISBN
978-2-91-201005-6
Publié

Présentation

Tetsuo-Marcel Kato naquit le 9 août 1945, à Nagasaki. […] Il effectue à la Sorbonne de brillantes études de droit, couronnées par une thèse qui reste à cette heure un ouvrage de référence, Crime contre l’humanité et zoophilie, avant de bifurquer vers l’apprentissage de la physique nucléaire. […] La rencontre décisive, cependant, ce sera celle de Maître Pô, en 1973, à Bécon-les-Bruyères. C’est le soudain retour aux sources. Cet incomparable sage Zen en exil, mais à tel point détaché qu’il se croit, à Bécon, toujours chez lui, dans la banlieue de Sapporo ; ce rōshi salué par Suzuki comme le premier moteur de sa réflexion, et reconnu par les bouddhistes du petit véhicule comme la réincarnation d’un grand lama péruvien, imprime le caractère indélébile de sa piété sur celui qui la propagera dans le monde entier, de Courbevoie à Hollywood. Les enseignements reçus de ce vénérable vieillard, puits des savoirs les plus nécessaires, collecteur des plus anciennes traditions, que son célèbre disciple appelle, d’une élogieuse gratitude, tantôt la Couche du Levant, tantôt le Haïku incarné, Tetsuo-Marcel les ramasse en une expression significative : la révolution copernicienne de l’atermoiement. Il en donnera plus tard cette définition limpide : Je ne tourne plus autour du pot. Désormais, c’est le pot qui tourne autour de moi.

Extraits

Introduction

Testsuo-Marcel Kato naquit le 9 août 1945, à Nagasaki, où, d’une façon étonnante de sentimentalisme et de fidélité, les ultimes témoins de l’époque se souviennent encore aujourd’hui de son premier vagissement. De père diplomate japonais et de mère belge morte en couches, il suit ce premier en France, et se console de cette dernière à Passy, en se faisant l’Hippolyte compréhensif de ses nombreuses belles-mamans. Il effectue à la Sorbonne de brillantes études de droit, couronnées par une thèse qui reste à cette heure un ouvrage de référence, Crime contre l’humanité et zoophilie, avant de bifurquer vers l’apprentissage de la physique nucléaire.

Dans l’entre-temps, en mai 69, il fonde avec Jean Levrain, âgé de septante ans, la « Communauté d’une rupture », association créée le jour de leur rencontre en vue de leur séparation immédiate, et dont ils s’exclurent mutuellement au lendemain de sa reconnaissance dans le Journal Officiel, pour ne plus jamais se revoir ensuite. À cette amitié fugace, Marcel Kato rendit un hommage émouvant dans un entretien accordé au Chasseur Français : « C’est à Jean Levrain que je dois l’ouverture non seulement de mon esprit, mais aussi d’autres de mes organes.

La rencontre décisive, cependant, ce sera celle de Maître Pô, en 1973, à Bécon-les-Bruyères. C’est le soudain retour aux sources. Cet incomparable sage Zen en exil, mais à tel point détaché qu’il se croit, à Bécon, toujours chez lui, dans la banlieue de Sapporo ; ce rōshi salué par Suzuki comme le premier moteur de sa réflexion, et reconnu par les bouddhistes du petit véhicule comme la réincarnation d’un grand lama péruvien, imprime le caractère indélébile de sa piété sur celui qui la propagera dans le monde entier, de Courbevoie à Hollywood. Les enseignements reçus de ce vénérable vieillard, puits des savoirs les plus nécessaires, collecteur des plus anciennes traditions, que son célèbre disciple appelle, d’une élogieuse gratitude, tantôt la « Couche du Levant », tantôt le « Haïku incarné », Tetsuo-Marcel les ramasse en une expression significative : la révolution copernicienne de l’atermoiement. Il en donnera plus tard cette définition limpide : « Je ne tourne plus autour du pot. Désormais, c’est le pot qui tourne autour de moi. »

Après trois ans de rapports quotidiens avec le Maître, diurnes et nocturnes, et jusqu’à son décès, il lui arrange des obsèques convenables et part aussitôt en Asie avec une jeune femme, pour approfondir ses connaissances religieuses. Il regagne son Extrême-Orient natal, écume les temples et les ashrams, se ressource en suffisance pour s’aller installer, neuf mois plus tard, seul, aux États-Unis. Il passe des semaines difficiles dans le ghetto de Beverly Hills, initiant ses résidents à l’« autodéfense parfaite », selon un art martial « suprême », qualifié aussi de « self-attaque », et qui consiste, pour parer à toute agression extérieure, en la maîtrise exclusive de la technique du seppuku (improprement dite « hara-kiri », car il n’y a pas de quoi rire).

À Washington, il fait la connaissance d’un écrivain de science-fiction, un dénommé Lafayette Ronald Hubbard, avec lequel il se découvre la double affinité de leur quête pécuniaire et mystique. Autre coïncidence qui renforce entre eux les liens d’une antipathie commune : Ron avait aussi frayé avec Jean Levrain, dans les années cinquante ; il ourdit avec lui le projet d’établir une Église de Scatologie ; mais, dans le texte des statuts, par une espèce de redondance scatologique précisément, une récurrente coquille s’insinua, et l’agent administratif chargé d’entériner les associations nouvelles se prit à lire « scientologie », de manière tout à fait incongrue ; cette négligence imputée à la cacographie de Lafayette entraîna la démission fracassante de Levrain qui lui abandonna la présidence de l’Église déviée de sa vocation première. Tetsuo-Marcel Kato raconte son houleuse relation avec Hubbard dans son recueil de souvenirs : La Quadrature du Ron (Diarrhetics publishing, 1983).

Depuis cette période, le Docteur Kato publie livre sur livre, et engrange succès après succès. C’est, d’abord, en 78, un ouvrage sur les intuitions bouddhistes et les limites chrétiennes de Maître Eckhart, Insuffisance rhénane, qui le rend lauréat d’un grand concours sur le thème du détachement et lui vaut une récompense de cent quarante-quatre mille dollars. Puis, de par l’inspiration résultant de cet encouragement, arrivent ses écrits de méditation les mieux connus du public, et parmi beaucoup d’autres : La mort après la vie, - des témoignages étonnants (Éditions positives, 1985) ; son fameux traité de lévitation pour culs-de-jatte, Cinquième étage sans ascenseur (Presses hydrauliques, 1987, primé au deuxième Salon des Loisirs pour Accidentés du Travail) ; Serge ou Dalaï : le grand dilemme (Le Bouddha de Pigalle Éditeur, 1989)…

Mais cet homme de sapience est aussi un citoyen engagé. Il crée en 1993 l’Office du Tourisme Astral pour Paralytiques (OTAP) gracieusement financé par la Princesse Diana. En 1994, marrainé par Danièle Mitterrand et Bernadette Chirac, c’est l’Institut pour la Lutte contre la Faim dans le Monde par le Développement de l’Ascèse (« Seul le jeûne, déclare-t-il avec vigueur à Paris-Match, viendra à bout de la famine. Il faut donc que les gens se mobilisent et forment une longue chaîne de solidarité afin de le répandre. Chacun y a droit, nul n’en peut être exclu. Et le riche français doit veiller particulièrement, durant le Carême, à le partager, voire à le laisser entièrement aux pauvres. ») L’on se souvient encore de sa grande opération de l’hiver 95 pour que chaque sans-logis puisse avoir sa planche cloutée de fakir. En outre, après les tragédies de la Bosnie et du Rwanda, il organise une série de colloques baptisée « Le Génocide, plus jamais ça ! », présidée par MM. Garaudy et Faurisson, et préconisant l’effacement de toute extermination grâce à la pratique de la méditation transcendantale et l’extatique dissolution de l’ego dans le vide oublieux et fraternel.

Pour finir, on ne peut que rappeler ses deux maîtresses-œuvres, un opuscule et une somme : L’Absolu en dix leçons, d’une part, et, d’autre part, Rien (en trente-trois volumes déjà parus).

À paraître :

Rien, XXXIV, Éditions « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que moi ? », Paris, 1999.

Pratique du détachement (II) : Vivre heureux en camp de concentration, Éditions du Club Med, Deauville, 2000.

Premiers Éléments de Vacuité

(une pratique très pratique)

L’état ordinaire de ta pensée te trompe en te faisant accroire à la séparation du sujet et de l’objet, à l’opposition entre toi et le monde. Vous n’êtes, en réalité, qu’une polarisation secondaire du Rien, laquelle le recueillement zen t’apprend à résorber.

De cet axiome, le zèle irrésistible de ta sagacité, devançant la lenteur démonstrative de mes propos pour courir d’emblée à l’essentiel, aura déduit le modeste théorème qui succède : si, de la déhiscence du néant, toi et l’univers résultez, tu englobes l’univers au moins autant que l’univers t’englobe, dans le mouvement d’une mutuelle circumincession, et peux à juste titre, par la partie de ton âme qui confine à la nullité, te considérer comme le plasmateur de toutes choses. Pour t’en assurer, vaque à l’expérience suivante : alors que tu te promènes dans a rue, avise sur le trottoir cette crotte piriforme ou tubulaire issue de quelque pitbull, te mets en face d’elle, bien campé dessus tes piliers, le genou fléchi de manière insensible, et la fixe longuement. L’évidence jaillit sans tarder au contemplateur précoce. Sinon, temps et persévérance il faudra, et l’on t’autorise, le cas échéant, afin de poursuivre tes efforts dans le calme,à emporter chez toi l’objet devenu familier, déjà presque un ami, et davantage qu’un complice, car l’on s’attache bien vite. Tu le constateras bientôt : après une certaine durée de concentration (moins d’une heure pour les disciples avancés), se manifeste à toi, dans un éclair illuminatif, la non-différence substantielle entre ta personne et l’étron canin.

À cet instant, tu as atteint le satori, c’est-à-dire l’éveil à la vérité cosmique.


L’énergie vitale se nomme Chi (prononcer [ci], le ch- étant ici une chuintante et non une gutturale sourde comme dans choléra). Il s’agit du souffle dense provenant du fondement de toutes choses, emplissant l’univers et animant le corps de l’homme. Dans ton organisme, le Chi circule du haut vers le bas, à moins que tu ne sois couché, auquel cas il s’écoule horizontalement, de ta bouche vers tes chaussettes. Il s’involue et se maintient longtemps au niveau intermédiaire de tes intestins (hara), qui constituent la zone capitale où il se concentre et se quintessencie. De ce passage harmonieux du Chi au cœur de ton être dépend l’éveil. Il existe dès lors deux situations fondamentales du Chi en toi : l’une, d’équilibre (dite Chiopo) ; l’autre, de déséquilibre (dite Chioli). Le bouddhisme-zen te permet son balancement stable et sa soulageante effusion au sein du Chi cosmique. Grâce à sa pratique quotidienne, dans la posture assise, tu peux vivre authentiquement au fond de l’origine réintégrée : le vide. En japonais: le Ku.

(…)

Dans la position du pissenlit, afin qu’une à une se détachent les parcelles pelucheuses qui encombrent encore ta tête symbolique, tu les dois souffler, moyennant un rigoureux métier respiratoire. L’approche du Chiopo te l’impose. Souvent, troublé par les conceptions erronées du Ponant, tu t’imagines qu’il faut respirer pour vivre. Or il n’en est rien.

Le vrai, c’est précisément l’inverse (au sens du chiasme et non de l’asthme, encore que ta prompte asphyxie puisse te conduire plus directement vers ta cause première et finale). La bonne respiration, - qui, avec de la ténacité, contrariera enfin pour toujours en toi toute inspiration poétique (on ne se protège jamais trop contre ce péril), - s’identifie à l’eubie - la bonne vie, antonyme d’euthanasie, en admettant toutefois que dans le zen les opposés coïncident. Dédaigne dès lors les halètements passionnés émis vers un Dieu plus sourd que pot (car le pot, lui, au moins, te répond de ses fraternels clapotis et froufrous de baratte), et en guise de propédeutique, pour subroger le Tout-Puissant caduque, achète une poupée gonflable.

(…) Serre donc la bride de ta libido ruant vers cette aphrodite dérivée du pétrole, et pénètre celle-ci dans son cresson pelvien, oui, mais avec ce qui surclassera toujours en raideur ta virilité tendue : une aiguille. Cette requête, bien sûr, te brise le cœur. D’autant que cette simili-vamp passe en agrément les gélatineux attributs de ta bourgeoise, si fastidieux à cuisiner. Et puis, qui pis est, ce sont soixante-neuf euros jetés par la fenêtre ! Le bouddhisme-zen, néanmoins, implique de menus sacrifices, et, pour te consoler, remémore-toi cette parole du Maître Pô : « Ce que tu jettes par la fenêtre, reviendra tantôt par la porte, - excepté ta femme, si tu loges au-dessus du deuxième… »

(…)