La Main d’Hermès

Nathalie-Noëlle Rimlinger Couverture La Main d’Hermès
Parc Édition
Titre
La Main d’Hermès
Auteur
Nathalie-Noëlle Rimlinger
Collection
Collection Grise 15 x 21
Type
Récit illustré
Taille
ISBN
978-2-91-201011-7
Publié

Présentation

Ce récit sur l’amour de l’art autant que sur l’art d’aimer, prend le relais d’une sculpture en quête de ses modèles. Sont-ils réels, sont-ils fantasmés ou sont-ils l’un et l’autre ? La Main d’Hermès, fébrile, fougueuse mais fine et sans fausse pudeur, reconstitue l’esthétique et la plastique d’une vie où l’on scrute (où l’on sculpte !), jusque dans ses plis intimes, l’autre, l’Autre quasi mythologique qu’on appelle pour en jouir. Nathalie-Noëlle Rimlinger invite à partager une tension animale qui sous-tend toute création ; elle contemple, pour nous, lecteurs, ses fantasmes et son expérience vécue d’artiste et de femme, elle nous dit comment établir le contact, comment partager son domaine secret, celui que nous n’exposons d’ordinaire pas au tout-venant… Le lecteur devient spectateur.

Directrice de la revue Variable, Nathalie-Noëlle Rimlinger est sculpteur et peintre. Elle a fait paraître plusieurs nouvelles et poèmes (Jungle, Möbius). La Main d’Hermès est son premier roman.

Sculpture de Nathalie-Noëlle Rimlinger
Sculpture : Nathalie-Noëlle Rimlinger

Extraits

Tapie sur la colline, nue dans les herbes drues, entre mes bras mes seins, je l’observe… Il porte des oranges à ses progénitures, il est en érection, ce qui me semble être un prodige. Je l’aime. Comme il m’a enlevée, je voudrais le ravir… Je glisse sur les fesses, je rejoins ma caverne. Je l’attends, je le peins. […] Dans ce plissé, soustraite au monde, je vaque de la matière au corps, du corps à la matière, sorte de danse lascive récitative omniprésente, les mains, la tête au bout, tout l’être, à la recherche du contact d’un autre corps réel, connu, identifié, dont la venue dans l’œuvre me conduit à un ahurissement synonyme de survie. […] Mais quelque chose gît, une ombre se confond avec ce trajet blanc de la ligne maîtresse. Celle d’un colosse échu, les pieds cousus aux nôtres, le front brisé au loin dans un angle de fuite. Ogre à la panse d’airain, il dort profondément et dans son ronflement, nous percevons l’écho des guerres et des fléaux. Sous le rocher de sa semelle, son enfant cupidonien vit une trêve.

Si vous voulez savoir si mon amour vous vaut, je dois vous peindre nu. Je veux vous peindre nu pour voir ce que je vois, pour voir de quoi je vous habille. Je vous vêts de sabots… Poserez-vous encore ? Je vais vous enlever, enlever vos chaussures et vous prendre en sabots.

Lorsque vous embrassez vous salivez beaucoup. Je ramasse votre eau et j’huile vos sabots. Votre pénis aussi, je l’huile avec votre eau. Comme une sculpture de terre, vous rutilez. Vous brillez sous la douche. Mon désir est nu, aussi, et porte des sabots. C’est un désir de centauresse. Vous cavalez dans une prairie. Plus je vous peins nu, plus je remarque vos sabots. Ils libèrent vos mains des miennes. Vos mains ne sont pas inhibées. D’ailleurs vous bandez parce que vos mains bandent. Vos enfants sont des petits sacs que vous lancez à droite, à gauche… Vous bénissez la terre avec, elle monte sous votre ventre. Vous déclenchez des terres hautes. Avec votre eau vous bénissez mes mains et mes mains entrent dans la terre à la recherche de vos sacs. Je les ramène entre vos jambes, je les raccroche un par un. C’est un vestiaire ? Vos sacs sont pleins d’araignées d’eau…