Procrustes in Situ

 

PROCRUSTES TRILOGY

Written language plays an ever increasing role in my process of Making. It has entered into the visual matrix in seemingly natural display creating a parallel apposition to three dimensional imagery.

Words with roots as long as civilization, words as finely crafted and precisely defined as ancient architecture, stretching back to Plato and beyond, transplanted, transposed, transcendent; their very hereness casts harsh light on contemporary expediencies.

Based on a Greek myth, the Procrustes project is an exposition of metaphor in the form of trialogues among sculpture, drawing, and written language:

 "Procrustes [Gr.,=stretcher], in Greek legend, a celebrated robber, who haunted the road near Eleusis. When guests accepted his hospitality he made them lie on one of two beds, one very long, the other very short. If the guest was too long for the short bed, Procrustes cut off his legs until he was short enough; if he lay on the long bed, Procrustes stretched him until he fitted it. Theseus killed the robber."

This definition in the Columbia Encyclopedia is broadened by other sources which describe Procrustes as an innkeeper and a giant on the road to Athens. I have thus perceived him for the project as a robber innkeeper on the road to Athens and Eleusis who offers hospitality to weary travelers en route to one or other of these two very different destinations. The beds extract payment and Theseus, rather than slaying Procrustes, slept in his bed…. A metaphor as inclusive as Procrustes is immortal.  

The first body of work, begun in the summer of 1993, is composed of an eight by twelve foot Preparatory Study, a book, Procrustes Inn Register, and a climate of seven sculptures, a predella of seven dialogues, and a seven by sixteen foot Wall Section of writing and drawing. Titled Procrustes In Situ, this work was completed in the summer of 1995.

 Do not offend me. Forget what has been said or written. Gossip and hearsay. I am not what some would have you believe. A mad creature tucked safely away between the many feats of Theseus. Slain. Dealt with. Done. Just another villain to support some hero’s reputation. Procrustes lives! And as long as mortals seek Athens or Eleusis, my Inn awaits the traveler. I have been given heritage. Mothers, Fathers, that sort of thing; but that is of no consequence here. Let them tell their own story. As for being a giant, I am not larger than life. I am life itself. Procrustes is process…

The Preparatory Study contains all of the imagery for the first phase of the project: Procrustes Inn Register, Procrustes In Situ, and Procrustes Inn Dialogue…also certain journals and other writings. Two black shapes agitate the surface and the peripheral space to the left of the climate of based and predellaed Beds which inform the three dimensionality of Procrustes In Situ. The back Wall Section is dominated by a red "X" and a blue triangle of descending words which completes itself on the base of the middle sculpture. The seven Beds of Procrustes are placed in a half circle in front of the four paneled Wall Section.

Words - phrases, sentences, chunks, weights and lines of them - weave a fabric of shaped interstices throughout the beds and boundaries of Procrustes In Situ. They appear as razored diagonals…horizontal and vertical connections across the planes of predella. Binding oppositions. A textured hum of rhetoric and polemic. Words: the slicing, dicing, splicing knives and needles of Procrustes.

Legend also furnished my Inn with two beds: one for stretching and one for trimming. In a sense, I suppose, this is true, but this indicates a small facility with perhaps two guest rooms. I protest! My Inn is enormous. Encompassing. Conceived on a grand scale. Is the world a hovel? My beds are as prolific as human need. Never has a guest been turned away for want of accommodation.

Journals and diaries occur on both the Preparatory Study and Wall Section of Procrustes In Situ. Procrustes loves artists and I am no exception. Paralleling the myths, legends and idea is the living omnipresent metaphor. Procrustes In Situ is an examination of that metaphor while experiencing its force.

Greed shapes the beds of Procrustes. Never enough. How do you know you have more if others do not have less? It’s a simple equation based on natural principles. Infallible. Concepts such as sharing, equality, "enough" are for fools and perverts. Greed is one of nature’s instincts. Survival.

Robert Cremean

 

LA TRILOGIE DE PROCRUSTE

Le langage écrit joue un rôle toujours grandissant dans ma démarche créative. Il a pris forme progressivement, selon un ordre apparemment naturel, créant ainsi les conditions d’une iconographie tridimensionnelle.

Paroles aux racines aussi profondes que les civilisations, paroles finement sculptées et définies avec la précision d’une architecture ancienne, revenant à Platon et au-delà, transplantées, transposées, transcendées, leur actualité et leur présence jetant une lumière crue sur les événements et attitudes contemporains.

Fondé sur un mythe grec, le projet de Procuste expose un jeu de métaphores sous forme de "trialogues" entre sculptures, dessins et écrits.

"Procruste ou Procuste, [Gr.: Celui qui allonge en tirant]: Dans la légende grecque, Procruste est un bandit qui hante la route près d’Eleusis. Quand des voyageurs acceptent son invitation d’être son hôte, il les étend sur un des deux lits qui meublent son logis, l’un très long, l’autre très court. Si l’hôte est trop grand pour le lit de petite taille, Procuste lui ampute les jambes, s’il occupe l’autre lit, Procuste l’étire jusqu’à ce que le hôte cadre avec le lit. Thésée tua le bandit."

Cette définition encyclopédique trouve, selon les sources, d’autre versions qui décrivent Procruste comme un aubergiste géant installé sur la route qui relie Eleusis à Athènes. Je l’ai donc décrit dans mon projet comme un aubergiste et bandit qui hante la route reliant Eleusis à Athènes et qui offre l’hospitalité à des voyageurs fatigués qui se rendent dans l’une des deux villes. Les lits exigent rétribution et Thésée, plutôt que de tuer Procuste, va se coucher dans son lit… Une métaphore qui ne cède en rien à l’immortalité de Procuste.

La première étape de ce travail, débutée durant l’été 1993, se compose d’une étude préparatoire de 3 x 5 mètres - un livre : Le régistre de l’auberge de Procruste, ainsi qu’un environnement de sept scuptures, une "predella" de sept dialogues et un Panneau mural de 2,5 x 6 mètres d’écriture et de peinture. Sous le titre Procruste en situ, ce travail fut terminé au cours de l’été 1995.

Ne m’offensez pas. Oubliez ce qui a été dit ou écrit. Racontars et rumeurs. Je ne suis pas ce que certains ont voulu vous faire accroire. Une créature folle prudemment enfouie dans les haut-faits de Thésée. Battu. Rangé. Fini. Juste une autre crapule bon à soutenir la réputation d’un vrai héros. Procruste vit ! Et aussi longtemps que des mortels se rendent à Athènes ou à Eleusis, mon auberge attend les voyageurs. On m’a fabriqué ma légende. Des mères, des pères, ce genre de choses, mais ici cela ne tire pas à conséquence. Qu’ils racontent leur propre histoire. Et pour ce qui est d’être un géant, ma taille n’excède pas celle de la vie. Je suis la vie elle-même. Procruste est les choses telles qu’elles sont…

L’Étude préparatoire comprend toute l’iconographie de la première phase du projet: Le régistre de l’auberge de Procruste, Procruste in situ, et Dialogue de l’Auberge de Procruste… de même que certains journaux et autres écrits. Deux à-plats noirs couvrent la surface et la périphérie à gauche des lits en base et en predella de l’installation et donnent un aperçu de la tridimensionalité de Procruste in situ. Dans la Section murale du fond dominent un "X" rouge et un triangle bleu de phrases descendantes qui viennent se compléter à la base de la scultpure centrale. Les sept Lits de Procruste sont placés en demi-cercle en face des quatre panneaux de Section murale.

Les paroles - locutions, phrases, bouts de matériaux, poids et lignes - forment une trame d’interstices à travers les lits et découpes de Procruste in situ. Ils apparaissent comme des entailles diagonales… connexions horizontales et verticales parmi les plans de la predella. Des oppositions se nouant. Une texture bourdonnant de rhétorique et de polémique. Mots : les couteau et les dards tranchant, coupant, tailladant de Procruste.

La légende d’ailleurs gratifie mon auberge de deux lits: un pour écarteler et l’autre pour rogner. Dans un sens, j’imagine que cela est vrai, mais cela indique peut-être un confort petit de deux chambres d’hôtes… Je proteste ! Mon auberge est énorme. Embrassant large. Conçu à grande échelle. Le monde est-il un taudis ? Mes lits sont aussi prolifiques que les nécessités des hommes. Jamais un hôte s’est vu refusé quelque confort ou besoin.

Journaux et chroniques aparraissent à la fois dans l’Étude Préparatoire et Section murale de Procruste in situ. Procruste adore les artistes et je ne fais guère exception… Parallèlement au mythes, aux légendes et aux idées, il y a la présence vivante des métaphores. Procruste in situ examine sa métaphore en même temps qu’il en éprouve la force.

La cupidité façonne les lits de Procruste. Jamais assez. Comment sais-tu si tu possèdes trop, si les autres ne possèdent pas assez. C’est une simple équation basée sur des principes naturels. Infaillible. Concepts tels que partage, égalité, "assez" sont bons pour les sots et les pervers. La cupidité est un instinct de la nature. Survivre !

Robert Cremean.

 

The logical evolution of masculine entelechy is total control - the means had been found for its completion. The masculine is not equipped to survive in finite time. All of its metaphors are based on concepts of infinity. We are now witnessing the fear and pain of a dying entelechy and, hopefully, the birth of a new Being… Until August 6th, 1945, the actual conditions of environment demanded a masculine gendered reality. This is no longer so…. In a searing flash of light with its accompanying phallic signature, the cognitional symbiosis was altered completely: In a split-second shattering of the Actual, gendered reality shifted the masculine Alpha to Omega. "Mankind" became the human experiment’s first gendered epoch. Delivered and signed, He presented the human corporation His final solution - total annihilation… magnificent simplicity. Humanity has been in a crisis of reality for fifty years - and a gendered struggle for dominance. Our cognizance has been presented two alternatives: the inevitable conclusion of masculine dominance within the concept of infinite time or the deposition of masculine reality and the acceptance of Time Finite within the reality construct of an alternate gender. Meaning…if humankind does not shift its metaphorical identity from masculine entelechy, it will destroy itself. By his apotheosis will His prophecies be fulfilled. Armageddon. Life everlasting - with no one to prove Him wrong… The triarchy of masculine gendered reality continues to dominate this fifty year hiatus. Though humanity knows there has occurred vital and essential change at the very core of cognizance, war, religion and commerce continue patriarchal control of cognitional entelechy. This triarchy, with its fabric of mores and metaphors, has maintained symbiotic absolutism throughout epochal time with entrenchment so profound as to seem insuperable… As we struggle to shed our epochal skin, split the protective and procrustean chrysalis, jettison the propulsive force whose prolonged embrace would destroy us, it is incumbent to look out over the broad landscape of masculine gendered reality… Age-old deceits and perversions are increasingly apparent within the triarchy: war and commerce prosper without benignancy in mechanical expectation while religion utilizes both in its increasingly malignant hypocrisy of divisiveness and hate…. This triarchy, once the viable center of gendered symbiosis, has become the Procrustes of myth foretold… Masculine entelechy, as manifest reality, is disintegrating leaving only its hardcore triarchy to command obeisance: religious, military and commercial fundamentalism. Dominance is sustained by fear, threat and purchase. This final procrustean embrace must be broken…. The end of history? The question smacks of masculine solipsistry. We are within the nascency of a new age, a new concept of time, a new symbiotic entelechy. We must ask new questions … A meliorating evolution is in process and humanity is in hiatal crisis between life and death and life. Masculine egocentrism has prescripted an afterlife; Symbiotic Parallelism envisions a life after Mankind. The first requires the death of life; the second the death of Procrustes. Two alternatives, the first very actual and the second very real.

Excerpted from Blue Triangle of Procrustes In Situ

 

Le mouvement logique de l’entéléchie masculine est contrôle absolu - les moyens pour cet accomplissement ont désormais été trouvés. Le masculin n’est pas équipé pour survivre dans le temps fini. Toutes ses métaphores sont fondées sur les concepts de l’infini. Nous sommes actuellement les témoins de l’angoisse et des convulsions d’une entéléchie agonisante et, espérons-le, de la naissance d’un Être nouveau… Jusqu’au six août mille neuf cent quarante-cinq, les conditions pratiques de l’environnement exigeaient une réalité de genre masculin. Il n’en est plus ainsi… En un éclair foudroyant, suivie de sa signature phallique, la symbiose de l’entendement a été complètement modifiée : en une fraction de seconde un séisme bouleverse le Réel et fait basculer l’Alpha masculin dans son Omega. Du coup, l’Espèce "Humaine" devint la première époque "sexuée" de l’expérience humaine. Délivrée, signée, Elle offrit à la corporation humaine Sa solution finale - l’extinction totale… magnifique de simplicité. L’humanité s’est enlisée dans une crise depuis une cinquanaine d’années - et en un lutte de "genre" pour la domination. Une double alternative a été présentée à notre connaissance : l’inévitable conclusion de la domination masculine à l’intérieur du concept de temps infini, ou l’abandon de la réalité mâle et l’acceptation du Temps Fini dans le cadre d’une réalité construite à partir d’un genre alternatif. C’est-à-dire… si le genre humain ne remplace pas son identité métaphorique d’entéléchie masculine, celle-ci se détruira elle-même. Et, au travers de cette apothéose, Ses prophéties s’accompliront. Armageddon. Vie éternelle - mais pas de témoin pour Lui prouver Sa bévue… Le triumvirat de cette réalité engendrée par le masculin continue de dominer ce hiatus cinquantenaire. Quoique l’humanité sait qu’un changement radical et vital est intervenu dans la moelle même de la conscience, la guerre, la religion et la marchandise continuent leur contrôle partiarcal sur l’entéléchie des consciences. Ce triumvirat, avec son industrie de codes moraux et de métaphores, a enracinésa symbiose absolutiste si profondément dans le présent qu’il paraît indépassable… Dans la lutte pour sauver nos peaux contemporaines, pour briser le cocon protecteur et procustéen, pour jeter par-dessus bord cette force propulsive dont l’étreinte prolongée nous détruira, nous sommes condamnés à regarder au-delà du paysage surdéterminé de la réalité qu’engendra le masculin… Les antiques impostures et perversions deviennent de plus en plus ostensibles dans le triumvirat : guerre et commerce prospèrent impénitents dans leurs rêves machiniques, alors que la religion se gave de l’un et de l’autre dans son hypocrisie croissante de division et de haine… L’entéléchie masculine, se désintégrant comme manifestation d’une réalité, pour ne laisser que le noyau dur du triumvirat qui commande d’obéir : fondamentalismes religieux, militaire et commercial. La crainte, les menace, la marchandise sont les supports de cette domination. Cette dernière étreinte procustéenne doit être rompue… La fin de l’histoire ? La question fleure le solipcisme masculin. Nous sommes déjà au seuil d’une époque nouvelle, d’un concept nouveau du temps, une nouvelle entéléchie symbiotique. Et nous devons poser d’autres questions, des questions nouvelles… Une évolution différente se prépare tandis que l’humanité s’enfonce dans sa crise, entre vie et mort. L’égocentrisme masculina prescrit son après-vie ; le Parallélisme Symbiotique laisse présager une vie après le genre humain. Le premier veut la mort de la vie ; le second la mort de Procruste. Voilà l’alternative : quelque chose de très vrai, l’autre très réel.

Extraits dutriangle bleu de Procruste In Situ

Traductions de l’Anglais : John Gelder

Photographs courtesy: Michele Burgess

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