Et quand plus aucune chanson ne te revient, que tu pourras choisir
l’objet de ta pensée,
pense à moi.
Ne pense pas au bonheur, désormais au passé.
Ne pense pas à la guerre, qu’on ne mène pas seul.
Choisis mes longs poèmes écrits durant des heures
De travail à sculpter les parois duveteuses
D’un abri qui convienne aux noires profondeurs
Où se sera nichée ta pensée caverneuse
Attends-moi là !
Bientôt j’aurai atteint le rien
Car les lieux disparaissent vite derrière moi
Je les dépasse, comme tout.
ALORS J’EMPRUNTERAI LES
ALLÉES DU STADTPARK, SANS REGRETTER LE FASTE
DES TROTTOIRS !
Tous trottaient, pleins d’entrain au centre de la ville
Anonyme, m’y trouvant ils me crurent l’un des leurs
Sous les ruines des tours, dans des jardins sans grilles
Cette gavotte pour échapper à la leur.
GAVOTTE
Leurs vieux planchers troués
par de fiers escarpins
Les hauts couloirs hantés par
leurs masses dansantes
Descendant, promenant dans la ville
leur satin
De couleur sur des robes antiques
éclatantes.
VOLTE
Menant sans retenue tout leur monde
à la ronde
Bien du soleil coula d’ici que des kiosques
Ils quittent les estrades et
désertent les stands
Ivres du vent chantant des
bourrasques baroques.
LAISSE-MOI PASSER, PETIT
Le jeune homme est avec moi
Une bibliothèque
où tout tremble et tout gronde
Sous des porches
gothiques prépare ses étudiants
Au ballet infernal des bestioles immondes
Parmi elles
s’affrontent, immobiles, deux titans.
BALLET
Au zénith de leur force, dans le sable de
l’arène
La racaille s’agrippe, la charogne se gifle
À l’issue du combat, en un froissement d’ailes
Sous des traits de
corbeaux, les dieux prennent la fuite.
PANTOMIME
Tout ici, les palais les places les trolleys
Danse sur
toi une méchante comédie
Tu
n’aurais, fuyant leur farandole enragée
Qu’à me suivre à travers leurs ruelles
assombries.
Viens !
Si c’est mon ombre que tu attrapes, laisse-la dormir
Et viens !
Bientôt nous ne coucherons plus sous les mêmes ponts !
Car il faut bien que la nuit tombe sur ma danse
Qu’elle me laisse là, complètement inerte
Et impotent comme une masse, dont le
vent même, le vent des bosquets, ne voudras plus irriguer
les
artères.
Tu ris ?
Le vieil homme empaillera mon cadavre,
Lui ayant fait les libations,
Et s’en servira comme présentoir à papier.
Kevin Carensac ©
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