ACTA

De

 


enquête

EST FABULA, PLAUDITE !

Breacher à Homonovus…

narrative sur la Realusion(Parc oct 2007)

qEN HOMMAGE À HAROLD GARFINKEL (29/10/1914-21/4/2011) 1) 

Ce n’est qu’au terme de la connaissance de toutes choses que l’homme se connaîtra. Car les choses ne sont que les frontières de l’homme.
(F. Nietzsche, Aurore).

Penser est dangereux. Ne pas penser est plus dangereux encore. (H. Arendt).

Arura a créé Enkidu le Très Aimé, morceau par morceau. Elle a pétri son corps, chaque point de son corps, chaque courbe, chacun de ses muscles et chacun de ses nerfs, chaque organe un par un, et quand elle a tenu son sexe dans ses mains, elle l’a baisé, en lui donnant force et plaisir,la puissance et la vulnérabilité du désir. En dessinant son sexe en quelques gestes précis, elle lui a confié son propre désir des hommes et de l’humanité. Elle y a enfoncé son âme de femme et de déesse.
(M. Maillé, N. Houzel,
La Mort de Gilgamesh).

- Le grand mystère, c’est la manière dont procède l’évolution.(…)
L’évolution procède certainement par sélection naturelle.
Mais suffit-elle pour expliquer (l’) adaptation des êtres à leur environnement ?
Celui-ci induit-il plus directement des changements génétiques ?
On le comprendra peut-être dans quelque temps.
..

(H.Reeves, J. De Rosnay, Y. Coppens, D. Simonnet,
La plus belle histoire du monde, Points)

L’ouverture c’est la vulnérabilité d’une peau offerte, dans l’outrage et la blessure, au-delà de tout ce qui peut se montrer, au-delà de tout ce qui, de l’essence de l’être peut s’exposer à la compréhension et à la célébration. Dans la sensibilité, « se met à découvert », s’expose un nu plus nu que celui de la peau qui, forme et beauté, inspire les arts plastiques ; nu d’une peau offerte au contact, à la caresse qui toujours, et même dans la volupté équivoquement, est souffrance pour la souffrance de l’autre.
(E. Levinas, Humanisme de l’autre homme)


Il se déplie sur votre repli sur vous !

© Jaherson

Nous sommes, nous vivons le mythe… Que le mythe continue… qu’il se déploie, se déplie sur votre repli, autistes extravertis…“Ce n’est plus un homme, mais toute une génération qu’il faut mettre en croix, nue et souffrante, bien en vue, un grandiose effet de miroir sacrificiel ; toutes les fautes du dieu humain, il faudra les expier dans ces jolies têtes-à-têtes narcissiques, afin qu’elle dégorge son ignorance”.

Breacher-Homonovusest visionnaire.

Il voit - tableau apocalyptique ! - toute une génération mise en croix.

Il voit l’humain jouet de son autocélébration élucubrante, de ses mensonges récurrents et goguenards. Simple primate déprimé ? Non ! L’humain subodore ce que Homonovussait : qu’il n’est qu’une livraison d’espèce parmi d’autres, ni la première, ni la dernière… étrange animal hominisé, égaré par la convoitise.

Car ce petit prédateur, à plus au moins gros cortex bourré d’affect, a bel et bien croqué cette proie si fruitée, si charnelle et succulente. La chasse à la jouissance fut une si belle illusion. Se disputer la proie à ses petits copains dans une fougueuse fête dionysiaque d’échangibilité, on l’a bien essayé, on y a cru, on l’a voulu, on vous y a poussé, on vous a payé pour ! Être ou n’être pas le Gigolo de la vieille Marchandise, la trop bonne Matronne, le trop richeton Micheton…

C’est cela le Grand Jeu, celui qui tourna vite au cauchemar, celui du manque et du désamour qui à présent vous cloue mains et pieds. Et voilà comment la communauté d’autistes exravertis, à force de vouloir se singulariser dans cette scénographie de rouleurs de mécaniques, s’est condamnée à une interminable représentation d’un martyre nouveaux.

La Scala malignade nos autistes extravertis joue à guichets ouverts la Tragedia des crucifiés. Car un seul ne suffit plus au désastre du monde des P (Patriarches, Potentats, Prêtres, Pères, Présidents…), et leurs produits dérivés, tous et tout, sombres gardiens de vos sarkophagos.


*

Exhumons des cités-sépulcres, ces redoutables dortoirs, les corps endormis qui veulent vivre !


Homonovustout angélique qu’il est, aurait-t-il un peu de la sève du diable en lui ? Car lui, le vrai Diable, a plus d’un tour dans son sac… Il est de toutes les dérives, il dispense selon son principe du plaisir, insaisissable, ombre et lumière, morsure et caresse, il effleure pour pourrir et guérir, endormir de l’infernal sommeil, et éveiller dans un éblouissement salvateur. Bien malin est celui qui est aussi malin que lui. Et bien malin est le Breacher- Homonovus, qui, maître de sa propre tactique, peut feindre participer de celle du diabolo, de sa grâce fatale, du grammaire rusé de son langage comme de la séduction de son corps apparemment si lisse et si aimable. Bien vite on les confondrait ! Qui est Fureur, qui est Tendre danseur, qui, dans ce corps hybride, apporte douleur, malheur, victoire, défaite, jouissance ou mortel ennui ? Non, Homonovusn’est pas une marque déposée, il est la démarque, il se démarque du mal, il sait la qualité des sèves, car dans l’arbre du corps il reconnaîtra naturellement la saveur vitale de ses fruits, par la grâce de la pure empathie.

 

*

Faire danser le « bâton » pour qu’il pleure ; pour qu’il fasse saigner ses mots, crée des trous là où il n’y en a pas, dans l’espace, dans le silence totipotent qui sait le hasard : étrange subterfuge ; la première goutte d’encre est déjà une nécessité sur le blanc natif…© Jaherson

*


Les guerriers-breachers ont joué avec le diable, les voici qu’ils jouent, avec la chair : ils sont tantôt chair incarnée, tantôt chair fait verbe pour un avenir qui assemble, qui nous ensemble, ils sont une armée d’âmes belles, aventureuses, singulières, ô combien ! Enfants du mystère de la totipotence, ils rient au désastre. Leurs cellules sont aux aguets pour rire et aimer, fin prêtes pour les fictions nouvelles déjà à l’œuvre. Ils sont figures de la Pure Fiction réinventée dans une immunité restaurée pour une vie plus élégante dans un espace d’exception faisant renaître des petites sphères au milieu des cendres des anciennes sphères, défuntes. Les breachers-hybrides permettent d’en finir avec l’ancien sapiens-sapiens, en créant le fondement d’une nouvelle épopée sin sombra de sombra. Nouvelles fictions et nouvelles généalogies de non-dieux aussi à l’œuvre : Mysterious Totipotency of cells, et voilà Mytotemcellaenfin nommé ! Et le hasard, aussi, est de la partie. Alors pour vous, Homonovus, toujours en devenir, miroir de l’infini, la nouvelle épopée commence. Et pour cela il faut que la vie soit bien jouée et, bien-sûr, avec de bons acteurs. Vous ! Vous qui vous êtes co-élus vous-mêmes, vous-nous breachers et nos « frères », cœurs de chair, figures immanentes (réciproquement ?) engendrées qui ont retrouvé tout le sérieux du jeu… d’enfant. Les Breacher-guerriers, Enfants sans honte, ont ainsi surmonté, fait fructifier leur jeunesse, par Grâce, Hasard et Nécessité et autres non-dieux . Ils viennent, ils arrivent fertiles, féconds, gravides, rieurs… J’ai attrapé cet autre rêve : élus eux-mêmes, un jour, oui, peut-être, ils deviendront une communauté, une lignée inédite. Sin sombras de sombras, sin diabolos- sin divisor-prêts à sucer le miel dans le creux des pierres.


*

l’hybride, d’un saut d’aile, vous couvrira sur cette croix maudite

© Jaherson

Il prend au Homonovus, là, l’envie soudaine d’en faire une affaire à sa mesure, disons à la mesure de son empathie.

Lui sait que le spectacle de cette inhumation sous vos voiles autistes, lui sent que la nudité surfaite de votre défaite ne promet plus ni plaisir ni exhubérance.

Le Diabolo, l’hybride, d’un saut d’aile, vous couvrira sur cette croix maudite, se dépliant sur votre repli, vous effleurera et… votre nudité hordinaire, vouée aux normes heunormesde la horde, cette nudité, enfin ! ne retombera plus sur vous.

Son visage contre le vôtre, son cerveau accouplé à votre machine neuronale, son souffle de Navajo dans vos bouches, tout comme son genoux effleurant votre ventre, déchirant les voiles qui vous étouffaient à petit feu.

Cet effleurement, acceptez-le, toute fausse pudeur bannie, l’Hybride éveillera votre organon qui chantera d’inédits cantiques, ceux qui guérissent enfin du désamour. Martyrs d’un temps à présent révolu, à je-nous !


© C-F J & J-E O.

REALUSION : le réel de l’illusoire et l’illusoire du réel…

Produit physiologique bourré d’éléments bactériens, moléculaires, viraux, corpusculaires, électromagnétiques, quantiques, émergé sur la niche « terre » par un effet de hasard et de nécessité - "déchet au hasard abandonné…" disait Héraclite, voici l’hominien tenu de porter sur deux jambes une tête convoquée, en vertu du mouvement évolutif, à se raconter des histoires toujours mises à jour, d’œuvrer et manœuvrer pour continuer de "feindre d’être maître des éléments qui lui échappent".

Ainsi, nous voilà dans la Realusion -(real[ity-ill]usion): une combinaison nouvelle du réel et de l’illusion (selon la "théorie du tout" quantique). Hors hiatus… Cette Réelusion est en analogie avec le processus de l’évolution (variation suivie de sélection) 1) : celle-ci accouche invariablement, dans un même arrangement, de produits du réel (Cf. mécanique classique) ainsi que de "visiteurs" particulaires complexes - et toujours mystérieux - venus du chaos (la Nature). De l’inédit chanceux ou désastreux, selon l’interprétation et l’usage cultu(r)elo-politique qui seront faits de cette combinaison nouvelle. On se trouve aujourd’hui, en interprétant Freud (L’avenir d’une illusion), devant le choix de devoir tenir dans la plus stricte sujétion les masses dangereuses, leur barrer avec le plus grand soin l’accès à toutes les occasions de l’éveil de l’esprit, ou bien réviser fondamentalement la relation entre science et religion. Et P.Sloterdijk d’enfoncer le clou : « Dans les structures de ce type, la répartition fondamentale entre l’âme et la chose, l’esprit et la matière, le sujet et l’objet, la liberté et le mécanisme passe automatiquement à côté de la réalité : par leur constitution, ce sont déjà des hermaphrodites dotés d’une "composante" intellectuelle et d’une "composante" matérielle, et toute tentative de dire ce qu’elles sont "spécifiquement" dans le cadre d’une logique bivalente et d’une ontologie monovalente mène inévitablement à des réductions et des raccourcis sans perspective. »
Voilà le contexte "realusionnaire" à partir duquel notre « jetteur de dés,
Mytotemcella, le Grand Reproducteur de phénomènes aléatoires », réaliserait ce que suggère notre "narration" aux nouveaux enfants du dernier primate : les Breachers.

Résumons : un jour, à partir de milliards et des milliards de combinaisons élémentaires, émergent la terre et son « peuplement », animal et autre. Le primate puis son cerveau. Sa « lutte » pour la subsistance : se nourrir, se munir contre le froid, se rassembler, se protéger contre les voleurs, pilleurs, violeurs, bref la « racaille humaine » dont parlait Freud. Car le primate hominien avec son cortex complexe dont il fait l’apprentissage, est un animal (pulsionnel) qui jouit et souffre de ses pulsions, et FINIT PAR LE SAVOIR. Entre deux monstruosités il se panse puis pense. Parfois il est surpis. A peur ! Il voit des choses qui n’existent pas. Il se pose des questions. Il ressent des choses qu’il ne « vit » pas. Interrogations, toujours. Pourquoi cette guerre, ces frères morts ? C’est quoi une guerre. Platon dira : « Seuls les morts savent ce qu’est la fin d’une guerre. » Puis la guestion des questions : qui gère tout ça, qui veut et décide de tout cela ? La combinaison primate-cortex-question produira une glissement mental (névrose) : l’illusion. Deux états opposés, Réalité/illusion ? Corps et âme ? Raison et Religion ? Il y aurait le réalité d’un côté, la vérité « révélée » de l’autre… Et, bien sûr (soyons un peu historiens) le difficile arbitrage entre le bien et le mal, avec ses guerres de braves, ses paix de lâches, ses bûchers et ses piétés. Toute une poésie du double jeu.

Réel, illusion, matière esprit, le processus de l’évolution semble désormais vouloir choisir pour nous : un mixte des deux, une symbiose. Mais attention : depuis peu cette réalité seconde, moins en raison de la culture des religions que du fait de celle de la technique puis celle (en cours) de la technologie microprocessionnelle produit une symbiose technico-marchande de la dichotomie ancienne. Un mixte réel - irréel, la Transparence (névrotique mais bien concrète) du Net. Le réel y fornique avec l’illusion. Sites et blogs, de productives marchandises qui permettent désormais à l’animal de relooker son Odyssée de l’espèce. Or c’est quoi le net. Le net est aussi un double de Gaïa, un gros ventre virtuel qui, un jour, vomira ses titans, ses hypostases d’un genre inédit…

Tout ce passe comme si le réel technicisé est de plus en plus illusoire, et l’illusoire de plus en plus réel. Des pans entiers de l’illusion - voire de toute fiction - sont résorbés par le réel et vice-versa, les « structurant » au cœur de l’aléatoire pour les rendre phénotypaux. Comme si la magie, la croyance, l’illusion ne reposaient sur rien de réel, mais dans le même mouvement, comme si le réel pouvait en produire en tant que « produits dérivés », à partir des aléas de sa structure phénotechnologique. Hybride donc : Realusion. Celle d’une esthétique, d’une politique mais qui - par choix - baigneraient pour nos Breachers constitutivement dans l’alterattirance empathique. Ou rien…

1) Cf. aussi page Commentaires

Quelques repères…

Breaching : "provocation expérimentale" en ethnométhodologie (Garfinkel). En appliquant cette expérience au vivant, on désigne ici tout ce qui brèche (des vieux norvégien : Brakni, germain: Brâk, néerlandais: Braeke..), fait rupture, transgresse ou transmute toute la redondance des schémas établis (lois biologiques mais également macro- et microphysiques, biosociales, psychomentales). Nous sommes alors au cœur du "jeu" du mystère cellulaire ainsi que de l’instrumentalisation du bios, tel que la technoscience s’y emploie dans son souci (ou sa rage) de hâter l’évolution de l’espèce (EEAO : évolution des espèces assistée par ordinateur). Tout se passe comme si le savant voulait secouer l’arbre du hasard pour qu’en tombe le fruit succulent d’une nouvelle nécessité. Donc d’une nouvelle conscience… A cet égard disent Charpak et Omnès, dans Soyez savants devenez prophètes, "La biologie est sans doute plus subtile que la physique, et elle est dans la phase adolescente des découvertes exaltantes. La réponse pourait être beaucoup plus surprenante que ce que les biologistes imaginent à la hâte".

IA, numérisation du vivant, xenogreffes, transplantation moléculaire, robotique…, "jouons à imaginer" - libérés de toute peur - l’option heureuse : Notre Breacher-Homonovus - figure respécifiée de cette expérimentation provocatrice à l’œuvre - laisserait derrière lui tout ce négatif certes intéressant mais écrasant que notre espèce avant lui a pu produire pour, qui sait ?, la conduire à son extinction prématurée… (voir aussi à ce propos "le Monde de la gâterie" développé par Sloterdijk, Globes III, Ecumes). Disqualification générale de notre espèce (sapiens) ? C’est sans doute plus "nietzschéen" que cela :  "L’Humanité n’est que le matériel d’expérience, l’énorme excédent de ce qui n’a pas réussi…", écrit N., et d’évoquer son « homme » se dépassant par-delà un champ de ruine… Et notre ami Houellebecq de préciser  : "Nous avançons vers le désastre, guidés par une image fausse du monde; et personne ne le sait. Les neurochimistes eux-mêmes ne semblent pas se rendre compte que leur discipline avance sur un terrain miné. Tôt ou tard, ils aborderont les bases moléculaires de la conscience (…). Nous n’échapperons pas à une redéfinition des conditions de la connaissance, de la notion même de réalité; il faudra dès maintenant en prendre conscience sur un plan affectif…" (Objet perdu, Parc,1995) Si le Breacher-Homonovus n’est pas un avènement objectif, il peut en tout cas devenir un événement, qu’on le veuille ou non, naturel, une induction à terme des changements environnementaux dans notre patrimoine génétique. Il est une trace sur la voie d’une EDE (évolution-développement-éthologie), ce qui en fait, au plan de la fiction et d’une symbolique théogonique, une figure culturelle (mythologique) intéressante, voire féconde.

COEVOLUTION GENES-CULTURE

Il existe 3 types de cellules souches : les cellules souches des tissus adultes, les cellules souches foetales, (parmi lesquelles on peut distinguer des cellules souches somatiques et des cellules germinales dites EG pour Embryonic Germ cells), les cellules souches embryonnaires totipotentes, dites ES, pour Embryonic Stem cells . À côté de ces trois types de cellules souches, il convient de prendre également en considération les cellules dites « précurseurs ».

TOTIPOTENCY : donc la capacité d’une cellule - tel un oeuf - d’engendrer (give rise), de produire d’autres cellules différentes (unlike cells) pour ainsi former un nouvel individu ou partie d’individu (an other individual or part.) Du latin : tôtus.

CELL : cellule : du latin, cella : hangar, endroit - cellule de stockage.

L’endroit (cellule) intime dans un corps où se produit un processus (encore mystérieux) d’engendrement d’un individu nouveau.* Ce qui (nous) importe alors d’imaginer, d’attraper c’est la part "évolutive" de cette nouveauté : quoi, qui interfère - hors laboratoire ou avec - dans cette genèse qui fait bouger l’espèce, qui, quoi modifie les règles du Jeu, quoi s’instille dans la "capacité" des cellules de produire l’aura, la résonance qui fait agir autrement les corps, les regards, quoi les sollicite, les appelle entre Eros et Thanatos pour les réunir en vue d’une « danse des âmes », qui, quoi les fait exprimer leur désir "alterérotique" d’un rapprochement fécond, quoi dans le chaos du multiple univers, dans la complexe Nature, les élit, « engendre les élus », ici les Homonovus, ces individus, ces figures étranges en raison de leur qualité endogène ou nature alterérotique et autres « fluides allogènes », qui à la fois portent leur regard en arrière, faisant face au désastre avec une vaillante clairvoyance sans y déchoir, et se propulsent vers un avenir qui les attire irrésistiblement ; l’avenir à la façon de L’Angelus Novus de W. Benjamin… Pour en revenir au plan biologique, enfants « précurseurs » du mystère de la totipotence du semen et soma réunis.

Dans la perspecive des recherches contemporaines (2006) les Homonovus sont « faisables ». Luca Cavalli-Sforza (Stanford) : auteur de célèbres études (Des gènes aux idées) sur la diffusion des langues et des techniques, "estime que l’évolution culturelle (ici le je-nous « alternarcissique »…) ne s’explique pas autrement que celle des organismes vivants. Mutation, dérive et sélection : telles sont les nouvelles clés de l’aventure des cultures humaines." Plus loin dans l’article : "L’évolution culturelle est partiellement profilée par le même processus que l’évolution biologique." Plus loin, mieux encore : "Certains changements culturels peuvent devenir des facteurs de sélection naturelle et induire à terme des changements dans notre patrimoine génétique".

R. Dawkins (auteur du Gène égoïste) développe quant à lui l’idée des "mèmes" : "La survie des gènes ne s’effectue pas par l’intermédiaire des instincts programmés mais par la transmission culturelle. Un mème (le mot est construit pour ressembler à la fois à "gène" et même") est une unité culturelle de base, une idée [Ex. Breaching… ou Homonovus…] Ce peut être un message moral ("tu ne tuera pas"), une recette de cuisine, un travail sur soi (la psychanalyse), une croyance (le Dieu monothéiste), une chanson ("Love me tender")…" Selon R. Dawkins, "les mèmes se diffusent de cerveau à cerveau comme les virus et les épidémies. Certains se répandent facilement, d’autres restent dans une niche écologique limitée. Les mèmes se concurrencent, se combinent. En se repliquant, certains mèmes connaissent des mutations. D’où le changement culturel et la possibilité pour certains "mutants" de connaître une diffusion nouvelle…"

Ou alors, la chance surgira-t-elle d’une "bifurcation" dans l’ADN, dans le jeu structurel d’information de nos acides aminés… ?

…Hopefull monster ?

"Alors que les lois de l’inerte continuent, de leurs redondances, d’occuper l’Univers global, commence, localement, un nouveau récit, biochimique quant à lui, dès la première erreur de traduction, dès que la répétition se trompe, dès la première faute, dès la première mutation qui joue ainsi le rôle d’une autre inclinaison, aussi improbable, aussi hasardeuse, aussi minuscule qu’elle, mais erronée, mais désobéissante, mais falsifiante, mais monstrueuse, hopefull monster. La mutation, alors, ici et là, temps et lieux incertains, ne cesse de lancer des recombinaisons échevelées, quoique souvent économiques, d’où s’ensuivent l’évolution et le développement où naissent, changent et disparaissent les individus et les espèces, en un récit qui tente sans arrêt, en les déployant, autant de recombinaisons, inventées par ces bifurcations mutantes." (M.Serres)



Biothéogonie. Le choix biofictionnel de la Realusion.

Remarque : Bio-théogonie : Théogonie : du grec theogonia : Système, récit qui explique la naissance des dieux (polythéistes) et présente leur généalogie : cf. Mythologie. Donc, dans ce projet, distanciation, tant que faire se peut, avec la référence métaphysico-théologique.

Avec Sloterdijk déclarons « que la cause de la vie n’a été en de bonnes mains ni avec les religions traditionnelles, ni avec les métaphysiciens ». La philosophie épuisée, « la biosophie vient tout juste d’entamer son travail »… De la même manière, nous envisageons « le remplacement de la sociologie par la théorie des réseaux d’acteurs ». Nos acteurs, les Homonovus, chance émergente, feux follets avec leur poésie actante, érosophique (alterérotique)… pneumatique et semenologiquement favorable, sont parties prenantes de la mutation annoncée au niveau de la génétique version EDE. Prise en compte d’une mutation qui ne va pas cependant sans l’évaluation de ce qui là, dans l’inconscient des « manufacturiers », se soustrait à une nouvelle hypostase qui ne serait que l’ancienne remaniée (voir également Badiou, « l’horizon soustractif »).

« Träume sind Schaume » (Les rêves sont des écumes) : le concept sloterdijkien d’écumes prend modèle sur une liaison éphémère de gaz et de liquides. « Dans des conditions encore inexpliquées jusqu’à nouvel ordre, la densité, le continu, le massif sont envahis par le creux. L’air s’entend à pénétrer dans des lieux où nul ne l’attend. L’écume est, dans une certaine mesure, la tromperie réelle - le non-Étant sous forme de quelque chose qui demeure pourtant quelque part un Étant… un feu follet, un excès, une humeur, un gaz paludéen, habité par une subjectivité trouble. Donc fragile… Mais aussi bien pourtant un retournement positif du négatif. » Liée donc également aux avatars du « Mystère de la totipotence cellulaire », en même temps le totem insaisissable par le génie génétique. (Nommons cette chance spécifiante Mytotemcella). La chance, l’espoir, la possibilité de l’Homonovus est là : le plus inexpliqué, gracieux, bâtard, transgressif, inattendu des fils du chaos, sorti du ventre de la matronne Gaïa, il serait, citant toujours Sloterdijk « le tiers dans lequel la terreur et l’idiotie du binaire seraient dépassées… » - « Si l’on en croit la sémenologie hégélienne, l’esprit s’évapore de la fermentation de la finitude, avant qu’elle ne se transforme en écume. Aristote classe la maladie des hommes d’esprit parmi les « souffrances aériennes », là « où se trouvent depuis toujours les mélancoliques riches en écume… Leur désir appelle une ivresse, un remède contre le désamour, une quête pneumatique ». « Si l’on en croit Aristote, même l’éjaculation masculine est, comme l’érection, un effet - car l’expulsion (du sperme) se produit manifestement aussi parce que l’air exerce une pression ». Depuis il y a eu Freud, la redistribution des centres de gravité dans la conscience primaire, surtout l’interprétation des rêves et du semen menant à « un processus endogène de production d’écume au sein des systèmes psychiques ».

À ce point, selon la définition sloterdijkienne, définissons la constellation suivante pour notre écumeux et écumant Homonovus : « Le sérieux et le fragile, ou encore l’écume et la fécondité. L’aphrologie (du grec aphros : écume) est la théorie des systèmes affectés d’une co-fragilité. Si l’on parvenait à démontrer que ce qui relève de l’écume peut en même temps être ce qui porte l’avenir, qu’il est, dans certaines conditions, fertile et capable de procréer, on couperait l’herbe sous le pied du préjugé substantialiste. Ce qui vole en suspension comme un élément fondateur d’une nature particulière. » Celle de l’Homonovus… Choix biofictionnel de la mythologie, la liaison entre l’aphros, l’écume (après la castration d’Ouranos par le Titan Chronos) et la puissance générative, cette substance asubstantielle à laquelle on prêtera de dignes fonctions érogènes.


Petite adresse allo-utérine… aux gamètes et leurs "genres"

© Jaherson


XY (le gène mâle) se fragilise… Le Grand Biologiste lance cet avertissement à la communauté des XY : vous avez donné substance à l’histoire de l’Anthrôpikos, mais les défauts inséminés au cours de millénaires de votre fait, ont fini par rendre cette histoire intenable. Mais attention au retour de bâton !… Désormais l’espèce peut être reconductible, mais sans vous. XX (le gène femelle) seul capable de s’auto-reproduire contient en lui la clef biologique de son avenir : Y sans son XX (donc sans son X) ne participerait tout simplement pas du vivant ! En termes « mythologiques », cela peut vouloir dire que Gaïa reprend du service pour donner plein pouvoir aux Hypostases en vue de privilégier un nouveau pouvoir de "genre" autour de l’ordre matriarcal. Oui, le règne des anciens XY est révolu. Demeurera de leur belle figure une statue ou une urne, un Caravage ou un Michel Ange. À sa source nous avons bu. Sa chair ingérée a nourri nos plus folles fables. Ses phalanstères rayonnaient de lumière et y résonaient leurs chants fougueux et lascifs, voix hybrides et incantatoires. Mères et sœurs acquiesçaient bon gré mal gré à son règne. Inquiètes ou jalouses de son bout, elles participaient à son va-tout, elles jouaient le jeu malheureux d’Hypostase que désormais elles peuvent faire leur. Frères à présent sans progéniture fiable. Assis en petits groupes célibataires, dans leur polygamie fraternelle et conflictuelle, les nerfs leur pincent les gamètes, leur énergie sans emploi les fait ricaner et boire et, dans leur ivrognerie, leur griserie stérile, ils s’imaginent des arènes et des stades pour y affronter les hommes de l’ordre ancien encore si présent, qui picadorent leur nudité, et se rient de leur violence qu’ils exhibent devant le peuple nain comme jadis les cannibales leurs trophées mâles.

Réveillez-vous, hermanos, valeureux demoiseaux ! Votre cerveau est l’utérus de votre conscience. Ensemble, fécondez-le et engendrez ! Vous pouvez encore mettre le feu aux granges, aux carosses des reines et des rois qui ne se savent pas encore finis. Le pouvoir de brûler et d’assassiner vous est encore dévolu. Et ce pouvoir est immense. Désobéissance par désamour ? La Corrida des désamoureux unis en une fratrie possible, petites îles à la dérive mais prêtes, pour peu que l’affect « bien affecté » les y unit, à former un île-continent. Car là, dans ce Gondwana, dans ce royaume de Thulé, là naît l’ Homonovus, là il instaure sa foi, là il accouche de sa biothéogonie. Puisque un nouvel ordre Biologique ouvre à une redéfinition nouvelle de "genre", offrons nos cuisses et nos têtes, tels Jupiter ou Zeus, à leur engendrement par delà les vertus de l’esthétique ancienne et autres cultures avariées.

Dans la nouvelle fable des Homonovus, Le Diable de la Corrida, lui, joue sur deux tableaux - Le Diable conservateur, puis celui qui pousse à la roue de la mutation évolutionniste. Intéressant aussi pour nos crucifiés : la mise en lumière :

1- Des victimes, conscientes ou non, d’un mauvais virus, martyrs d’une épidémie trop longtemps emprisonnés dans la niche de la gâterie marchande et scénographique, ou autres avatars psychotiques.

2. Contre-virus : le contact, l’effleurement d’un Homonovus, le "muté" Hybride en vue d’une nouvelle diffusion verticale, "anti-gravitationelle".

Martyrs du monde de la gâterie objective que pratique le système du Luxe chrématistique (désir illimité de l’argent détruisant la cité) et non-immunitaire où règne « la tensegrity » (structures autostressantes) pilotée par les médias (politico-culturels), gâterie qui « sert constammment les motifs d’insatisfaction collective et les revendications rendues urgentes, sur les fronts des déficits les plus aigus. Alors qu’il croît continuellement, ce luxe demeure condamné à se transposer dans le langage du manque » (Sloterdijk), il renverse la vie pour la rendre de jour en jour insupportablement lourde. Vaneigem appelle cela depuis quelque temps déjà "la vie à l’envers" de "l’homme économisé". Nus et souffrants, des vivants pas encore morts, ignorant la sphère des "je-nous"de la nouvelle fable de Homonovus, ces Breachers qui savent et ont su inverser la vie à l’envers, qui ont transvalué le mythe de Narcisse et dégorgé leur ignorance, "donnent de la voix", disent aux martyrs en croix : voyez, nous vous effleurons, nous vous rendons féconds, je-nous effacerons la croix dans votre dos, ou en ferons une arme pour vous éveiller, arme que vous brandirez, à votre tour, contre les metteurs de vie à l’envers, vous vous épanouirez de l’intérieur vers l’extérieur ; le miroir sacrificiel deviendra un tableau de maître. Nous vous invitons à la realusion.


 * Jean-claude Ameisen : "Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses": conférence 17 juin 2007 : cliquer sur "commentaires" ci-dessous.


1)Harold Garfinkel, né le 29 octobre 1917 dans le New Jersey et élevé dans la communauté juive de Newark et mort le 21 avril 2011, est un sociologue américain. Il fut un assistant dissident de Talcott Parsons, puis l’élève de Aron Gurwitsch et Alfred Schütz. Il termina sa carrière académique en tant que professeur émérite de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA).

Biographie
Formé à la sociologie de Parsons et intéressé par la logique et la phénoménologie, il fonde une discipline appelée l’ethnométhodologie qui aura un retentissement considérable durant les années 1960 et 1970 dans le monde anglo-saxon.

L’une des études fondatrices de Garfinkel fut menée auprès d’un groupe de jurés. Le délibéré étant fait à huis clos, la légende dit que Garfinkel aurait placé un micro afin d’avoir accès à leur raisonnement.

Garfinkel étudia également le travail continu réalisé pour accomplir une identité sexuée en enquêtant auprès d’une jeune transsexuelle, Agnes. Sa "performance" de genre bousculait les conceptions naturalistes des rôles sexuels et fournissait des arguments aux tenants des études de genres (Gender studies) et des travaux sur la transsexualité. Garfinkel mit en évidence le travail quotidien et de chaque instant que faisait Agnes pour "passer" en tant que femme. Ce faisant, il montrait que les comportements genrés (masculin/féminin) étaient une construction, un jeu de rôle… Et cela, autant chez les femmes transsexuelles que chez les femmes biologiques.