Extinction de l’homme de Néandertal ou ruse éliminatrice de la part d’homo sapiens ?

« L’homme de Néandertal a en effet prouvé qu’il était capable d’innover et de s’adapter pour répondre aux nouvelles sollicitations. Il a su fabriquer des lames, des pointes, des sagaies, maîtriser des concepts abstraits qu’il exprimait dans une expression graphique organisée ou par des éléments de parure, dont on lui refuse parfois la paternité. Il serait temps de ne plus le considérer comme ce vieil oncle "original", à la vie pourtant bien remplie, mais dont on préfère ne pas parler parce qu’il fait désordre dans la famille. » (Dominique BAFFIER, Les derniers Néandertaliens,La Maison des roches, 1999, p. 101).

2010 : Pour Richard Green, « le décodage du génome de l’homme de Néandertal est une mine d’informations sur l’évolution humaine récente et sera exploitée durant les années à venir ».

http://www.cyberpresse.ca/sciences/genetique/201005/07/01-4278124-des-genes-de-neandertalien-chez-lhomme-moderne.php

« En les regardant, l’homme de Néandertal aurait trouvé que les humains modernes [Cro-Magnons - Sapiens sapiens] au petit visage et au front arrondi, dépourvu de saillies osseuses, ressemblaient à ses propres enfants. En effet, chez tous les mammifères, le front bombé et lisse ainsi qu’un visage petit et sans saillies tiennent lieu de traits infantiles; ils provoquent même de la tendresse ; (…) ils sont également mis en avant pour représenter les signes sexuels dans l’image de la femme. Si de tels mécanismes, à ce qu’il semble, sont enregistrés dans nos gènes, l’homme de Néandertal devait regarder avec une certaine tendresse l’homme de Cro-Magnon ! À moins qu’il n’ait découvert par la suite, à son grand regret, le type de comportement et de caractère qui se cachait derrière les apparences. » (…) « Les hommes de Néandertal ont bel et bien été remplacés par les humains modernes. Soit, mais des phénomènes de métissage se sont à coup sûr produits, même s’ils n’ont pas suffi pour que les hommes de Néandertal nous marquent de leur empreinte génétique. » (p. 94) (Juan Luis ARSUAGA, Le Collier de Néandertal, Odile Jacob, 2001)

« L’exécution s’inscrit donc comme un acte sacré, fondateur, un rite nécessaire à l’établissement des structures sociales. Aussi les sociétés ont-elles, depuis toujours, recours à lui: il est incontournable et légitime. Sans doute faut-il voir dans le texte de la Genèse une façon de reconnaître et d’entériner un certain fonctionnement social dans un contexte agricole ou pastoral. De fait, comme on l’a vu, le meutre n’est pas apparu avec les premiers agriculteurs et éléveurs. Il était déjà présent chez l’homme paléolithique. Transposé dans le mythe biblique, ce n’est pas au cours du Néolithique qu’on aurait dû le situer, mais bien au temps de l’Eden lui-même et du monde paradisiaque des collecteurs… » (p. 85) « L’idée serait celle d’un animal-symbole sélectionné et sacrifié dans le cadre d’un rituel au cours duquel on l’aurait percé de plusieurs flèches. Au fond, une ritualisation de la violence. » (…) « Le rite s’accompagnait ainsi d’une pratique pouvant rappeler l’eugénisme: une certaine discrimination semblait affecter les personnes au physique disgracieux. » (p. 175) « Le concept de meurtre, d’exécution capitale serait donc bien présent dans les esprits et dans le moeurs à cette époque. » (p. 87). (Jean GUILAUME, Jean ZAMMIT, Le Sentier de la guerre, visages de la violence préhistorique, Seuil, 2000).

« L’arbre généalogique de l’homme reste donc, malgré les apports des scientiiques, extrêmements controversé. Les apparitions successives depuis environ cinq millions d’années des l’Australopithèque, de l’Homo Erectus (…) de l’Homo Sapiens dont fait partie l’homme de Néanderthal et, enfin, de l’homme moderne - il y a environ quarante mille années - ne représentent pas des étapes sûres de filiation directe. (…) Même le célèbre homme de Néanderthal pose aux paléontologues une énigme : d’après Weidenreich il serait  l’ancêtre direct de l’homme tandis que d’après d’autres chercheurs, il ne représenterait qu’un "collatéral" de l’homme moderne, éliminé par notre espèce dans le combat impitoyable de la sélection naturelle. » Denis Buican, L’explosion Biologique, Du néant au Sur-être, Editions de l’Espace Européen, 1991.

"Une impossible quête des origines"
Se fondant sur le Syndrome de Lesch-Hyhan, A. Danchin (CNRS)
inRecherche,janv. 2004 s’interroge sur la structure des gènes menant à la contruction de notre cerveau : et singulièrement leur effet sur le langage. Ce langage, d’ailleurs, est-il apparu avechomo sapiensou plus tard. Prise de distance, donc, avec les aspects purement mécanicistes et moléculaires de la phylogenèse. "Ne peut-on penser que ce que nous sommes est déterminé par notre vision de l’Autre ?" Deux livres : J.Jaynes, The Origin of Consciousness in the Breakdown of the Bicameral Mind, Houghton, et D-R Dufour, l’Art de réduire les têtes, Denoël, 2003, donne lieu à une réflexion intéressante sur cette "Vision de l’Autre", fondée ici sur les travaux de Jaynes évoquant l’existence de "voix" chez nos ancêtres, car "le dialogue de la conscience commençait par un échange à l’intérieur même du cerveau." La conclusion de Danchin nous aparaît moderne et à prendre au sérieux tel un avertissement : " Aujourd’hui, c’est chacun pour soi, précisément au moment d’une révolution phylogénétique jamais possible jusqu’alors- nous pouvons agir sur l’hérédité de notre propre descendance(…) Notre civilisation risque fort, à ne rien comprendre de ce qui fait notre dignité, de basculer vers la réduction de têtes, plus sévère que celle des Jivaros, tout en engendrant un homme nouveau, qui n’aura plus rien d’humain."

« Je crois que la concordance entre l’individu et la foule est presque totale sur ce point: les masses comme l’individu gardent sous forme de traces mnésiques inconscientes les impressions du passé. » (p. 127) « En étudiant les réactions aux traumatismes précoces, nous sommes fréquemment surpris de constater qu’elles ne tiennent pas exclusivement aux événements vécus, mais qu’elles en dévient d’une façon qui conviendrait bien mieux aux prototype d’un événement phylogénétique (…) Ces faits semblent assez convaincants pour me permettre d’aller plus loin encore en prétendant que l’hérédité archaïque de l’homme ne comporte pas que des prédispositions, mais aussi des contenus idéatifs, des traces mnésiques qu’on laissées les expériences faites par les générations antérieures » (p. 134) « Il nous faut une autre distinction, non plus d’ordre qualitatif cette fois, mais d’ordre topographique et en même temps, ce qui lui confère une valeur particulière, d’ordre génétique (p.130). Ceci étant posé, je n’hésite pas à affirmer que les hommes ont toujours su qu’ils avaient un jour possédé et assassiné un père primitif.(p. 136) » (Freud, in Moïse et le monothéisme, Idées, NRF).

« Lorsque de tels individualismes apparaissent, on peut conclure, avec un degré élevé d’évidence psychologique, à une attitude fondamentalement marquée par la névrose de la liberté ; sa caractéristique est qu’un sujet ne peut pas se penser comme contenu, limité, enserré et occupé. C’est la névrose fondamentale de la culture occidentale : être forcé de rêver d’un sujet qui observe, nomme, possède toute chose sans se laisser lui-même contenir, nommer ou posséder par quelque chose, même si le dieu le plus discret s’offrait comme spectateur, conteneur ou mandant. » (P. Sloterdijk, Sphères, Pauvert 2002).

N.B.ERECTUS : L’AFRO-ASIATIQUE
« (…) L’individu exhumé dans le Middle Awash (…) a franchement la même "queule" que ses contemporains asiatiques. Autrement dit, c’est un
Homo erectus. La preuve que cet homme préhistorique s’était largement répandu dans le monde à cet époque. Et qu’il n’était pas confiné à l’Asie. Une théorie veut que les seuls vraisHomo erectus(l’homme debout) soient strictement asiatiques, les plus célèbres spécimens étant l’homme de Java et celui de Pékin. Quand aux fossiles kenyans d’Afrique ou géorgiens d’Europe, ils appartiendraient à une autre espèce, plus archaïque, Homo ergaster (l’homme artisan). Le nouveau fossile montre que la séparation de ces hommes en deux espèces n’est pas justifiée. Plus besoin de se creuser la tête pour savoir, qui d’erectus ou d’ergaster était notre grand-père ! » (Sciences & Avenir, mai 2002).

"L"homme moderne, cette mauviette"
"En 2008, en utilisant un algorithme normalement dédié à l’étude de la biodiversité, une équipe franco-américaine à identifié les territoires occupés par les premiers homo sapiens arrivant en Europe et les derniers néandertaliens, voilà quelque quarante mille ans. Elle a pu comprendre le rôle des facteurs climatiques dans leurs distributions respectives. Conclusion : ce ne serait pas le climat qui est à l’origine de la disparition de l’homme de Neandertal, mais plutôt la compétition avec Homo sapiens. "(Cour. Intern 992, 4/11/09)
L’archéologue et paléoanthropologue Peter McAllister, qui "s’intéresse aux performances physiques de l’humanité depuis l’apparition d’homo sapiens, a rassemblé "les données historiques, études de fossiles et observations ethnologiques dans un livre intitulé Manthropology: The secret Science of Modern Male inadequacy (Andropologie ; la science secrète de l’inadéquation du mâle moderne) : il juge que sur ce plan l’homme actuel fait bien pâle figure par rapport à ses ancêtres." (Die Welt, E. Bodderas, 2009.)

L’irruption parmi les hommes de machines et de réalités intelligibles ou la voie vers une nouvelle spéciation ?

"Les hommes occidentaux participent à un mouvement fondamental, celui qui, à partir de l’acte divin de la Genèse, créa leur propre être, mouvement dont ils tirent à leur tour de nouveaux êtres, (les) machines autonomes. Mais ces machines produisent à leur tour, de mille manières, des situations simulatoires, […] et le sens profond des fictions ainsi produites révèle aussi cette recherche de Toute-Puissance dont nous pensons qu’elle inspire profondément cette nouvelle lignée d’objets rationnels-imaginaires." (Michel TIBON-CORNILLOT : Les Corps transfigurés (Mécanisation du vivant et imaginaire de la biologie), Seuil, 1992.p.231)

"L’irruption, parmi le monde des hommes, de (la) nouvelle lignée d’objets intelligibles [non observables par les sens] porte la marque de "l’a-humanité" du monde d’où ils proviennent. Chacun d’entre nous est convaincu en effet qu’ils ont fait entrer une perspective très nouvelle, celle de la destruction complète de la race et de perturbations massives de la biosphère. Pour la première fois dans l’histoire des hommes, des conceptions, jusque-là mythiques, imaginaires, d’un destin commun à tous les hommes sous forme d’une conflagration générale, une Apocalypse, se sont concrétisées, incarnées dans des choses bien réelles. […] "L’ensemble des bombes et leurs fusées [voire leurs déchets] reposant sans exploser dans leur sarcophage de béton." (ibid, p. 226/8).

"Les techniques [bio-génétiques]disponibles permettant l’analyse du caryotype, le choix des cellules germinales puis la fécondation in vitro et la réimplantation (in/ex utéro) ouvrent un champ d’action grâce auquel on intervient activement dans un univers indéfini de combinatoires génétiquement possibles afin de déterminer, d’une part la configuration virtuelle du génome que l’on veut faire entrer dans le monde et d’autre part, de décider de l’y faire entrer en acte. […] Un homme nouveau est en train de surgir du champ des sciences et des techniques. Il est virtuellement présent parmi nous car l’organisation des corps humains peut être transformée." (ibid, p. 234).

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La revanche du Néandertal

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