L’Émergence des Breachers

COMMENTAIRES & TÉMOIGNAGES

Les "Breachers", mouvement évolutif ?

Spéciation, H.S.

La LACUNAR SOCIETY a recueilli récemment un nombre grandissant de témoignages peut-être pas si imaginaires que cela sur ceux, les dits "homonovus", dont nous deviendrions les ancêtres involontaires… En voici quelques uns. Notre mail est à la disposition des vôtres (anonymes ou non), si la chance a mis sur votre chemin cet "autre" dont il est question dans ces pages.



« On reconnaît un Breacher à une certaine qualité de son sourire. »

« Sans rien n’y laisser paraître, il incarne mieux que ses ancêtres n’y sont jamais parvenus dans leurs révoltes, une forme de transgression, une violation douce mais incoercible de ce qui fondait notre histoire et notre soi-disant humanité. La science-fiction du vingtième siècle, fortement entachée de fétichisme négatif - et dans son goût pour la tératologie-, s’entêtait à représenter "le mutant" comme l’ennemi de l’homme. Au contraire, leur dite inhumanité semble leur rendre l’espèce hominienne attachante. A leur contact, cette empathie est même contagieuse, bien que je peux vous dire d’expérience qu’un Breacher n’est pas un saint. »

« Ils semblent très peu attachés aux objets, cependant les objets qui les entourent, et spécialement ceux qu’ils portent sur eux, sont très attachants. Souvent de peu de valeur, mais très particuliers. C’est peut-être plus la manière dont ils s’en servent que les objets eux-mêmes, quoique… Non, je ne sais pas. »

« J’ai connu un Breacher. Je ne m’en suis d’abord pas aperçu. Troublé par sa beauté, j’avoue que je ne pensais qu’à ça… J’ai dû dire quelque balourdise, du genre que je la trouvais à mon goût. J’avais tendu ma main pour toucher ses cheveux, mais elle prit ma main au vol, sans brusquerie, doucement. "Je suis de leur race", me dit-elle. C’est alors que j’ai compris… »

« Certains veulent maintenir la vie telle qu’elle est aujourd’hui. Mais je suis confiant: il n’est pas nécessaire de protéger les gens de la génétique. Ils sauront prendre les bonnes décisions. Je n’aurais pas aimé que mes grands-parents m’empêchent de prendre des décisions sur la FIV ou sur les ordinateurs. Je ne suis pas inquiet à laisser ce genre de décision aux gens de demain. » (Gregory Stock, UCLA, Engineering the human germline).

« Je m’en suis immédiatement douté. Je me sentais à l’aise, j’éprouvais d’emblée un sentiment inexprimable de reconnaissance. J’avais ressenti cela qu’en certaines circonstances, disons amoureuses. Mais très apaisant, et je savais qu’il savait. Pour lui c’était tout à fait normal. »

« Une grâce ? Vous évoquez Jankélivitch. Je ne sais pas. Par la grâce de l’altération l’être existe. On évoque une connotation chrétienne et ontologique, à tort selon moi. Il faudrait plutôt creuser l’Angélologie païenne que chrétienne car l’idée même de Dieu les fait rire aux éclats. Ou plutôt sourire avec une douce ironie, avec ce sourire de compassion vraie qu’ils portent en eux pour leurs "ancêtres" et leurs croyances. Je me souviens de ses mots: "Tu es mon ancêtre". Cela avait un sens empathique infini. Cela sonnait comme un pacte d’amitié. »

« Le Breacher et ses congénères refusent - et cela semble un élément constitutif de leur complexion - de réifier le fait social. En somme, ils sont non-structurables (socialement) selon nos normes et cela participe de leur étrangeté générale. Breacher n’est pas autiste, il n’est pas antisocial, il peut même adhérer à nos normes, mais l’interaction et l’intercommunication entre "nous" et "eux" n’aboutit à aucune action, aucun événement et certainement à aucune production (économique) objectifs. On dit donc, à tort peut-être, qu’ils incarnent une coupure ou encore qu’ils se jouent de nos normes ou de nous. D’où vient cette "coupure épistémologique" ? »

« Leur sens commun est remarquable, d’autant qu’ils savent, on ne sait comment, ne jamais donner l’impression de souscrire à aucune de nos initiatives "communes". Remarquablement en marge, autre. »

« Ils répondent toujours à côté quand on les interroge. Comme s’ils ne voulaient pas se laisser enfermer dans une question. Cependant, ils reviennent mettre le doigt dessus au moment le plus inattendu. »

« Tu dis qu’il ne te restait que quelques cabrioles à accomplir, tel un clown devant un parterre qui se vide… Alors que pour nous il est clair, limpide même, qu’il vous eût été très facile de cueillir les larmes des autres - tendrement - pour en faire un bouquet consolateur. Et sourire aux grimaces du monde insolent. »

« Il n’est qu’un message virtuel distribué dans plusieurs corps contemporains. Même venu en aval d’une planification, l’être observe une certaine liberté si nul ne fut en amont, s’il échappe à la répétition. Ces enfants-là ne (sont) la suite de personne, plutôt des commencements. » (Jacques Testart, Ève ou la répétition, O. Jacob)

« C’est le contexte qui nous échappe. Quand ils usent de mots c’est pour proférer une parole, si tu vois ce que je veux dire. On ne retient que l’aspect affectif, en tous cas, c’est la qualité d’affect de leur langage qui parvient à nous. D’ailleurs, on a tort de parler de mots quand on parle de langage à leur sujet. Voir l’expression du regard (qui parle), les attitudes, etc. »

« Dire qu’ils sont indéterminés n’a de sens que par rapport au fait que c’est nous qui restons indéterminés face à nous-mêmes en présence d’un Breacher. »

« Ils ne s’indexalisent pas, pardonnez-moi l’expression. Par exemple, un Breacher peut se présenter à vous plusieurs fois sous un autre patronyme. Ils utilisent des hétéronymes comme si le fait d’avoir un nom propre les rebutait. Souvent ils prononcent des termes comme "partner", "loner" et, à l’opposé de loner, "multiple" ou encore, avec humour, "absurd", au lieu de leur prénom administratif, ils disent "natif", "my native name", "mon nom d’origine", avec la pudeur que vous savez. »

« L’ésotérisme ferait-il retour avec les Breachers ? Je songe à Gichtel : " [Elle] avait aussi un langage central, sans mots extérieurs et sans vibration de l’air, et qui ne ressemblait à aucun langage humain ; cependant, il le compris aussi bien que sa langue maternelle." » (in L-C de Saint-Martin, E. Dentu, Paris, 1862)

« Cette liberté qu’ils prennent avec les mots fait dire à X. que leur hétéronomie, leur réversibilité patronymique, ou la liberté qu’ils prennent en général avec "nos" mots supplée à "l’incomplétude naturelle des mots". »

« Ils sont apodictiques, c’est-à-dire "propres à convaincre", ou encore des évidences que l’on ne peut que constater et non pas définir. Mais, l’usage du langage leur devenant familier, ils font volontiers dans l’apagogie; ils plaident l’absurde pour désigner un contraire qui serait leur vérité. »

« Dans les structures de ce type, la répartition fondamentale entre l’âme et la chose, l’esprit et la matière, le sujet et l’objet, la liberté et le mécanisme passe automatiquement à côté de la réalité : par leur constitution, ce sont déjà des hermaphrodites doté d’une "composante" intellectuelle et d’une "composante" matérielle, et toute tentative de dire ce qu’elles sont "spécifiquement" dans le cadre d’une logique bivalente et d’une ontologie monovalente mène inévitablement à des réductions et des raccourcis sans perspective. » (P. Sloterdijk, La Domestication de l’être)

« Si autrefois le clone illustrait nos peurs et nos fantasmes, maintenant qu’on les fréquente on parle d’absurdité. Dire qu’un Breacher agit de façon absurde provient d’un réflexe absurde de rejet de notre part, de rejet de l’autre. Mais étrangement, qui oserait, qui pourrait s’attaquer à eux de face ? De plus en plus - et les savants les premiers - on entend dire qu’ils nous paralysent. On n’ose (plus) y toucher. »

« "Interrompre le mouvement continu de la machinerie en inversant l’un de ses systèmes est un moyen redoutablement efficace pour comprendre quelle en est la marche normale", écrit May Livory, parlant du breaching qu’on traduisait à l’époque par "provocation expérimentale". On sait aujourd’hui que le Breacher rend expérimental et provocateur tout ce que notre espèce avant lui a pu produire. Pour certains (toujours les mêmes) cela ressemble à une disqualification générale de notre espèce (sapiens sapiens). C’est sans doute plus "nietzschéen" que cela ; "L’Humanité n’est que le matériel d’expérience, l’énorme excédent de ce qui n’a pas réussi…", écrit N., et d’évoquer son homme se dépassant par-delà un champ de ruine… Si le Breacher n’est pas un avènement - qui de nous aurait la prétention d’en juger -, il est en tous cas un événement devenu, qu’on le veuille ou non, naturel. Il est une trace sur la voie d’une eschatologie, mais cela n’en fait pas une créature eschatologique, comme l’Eglise commence à vouloir (se) la représenter. »

« Ils sont bizarres. Non, ce n’est pas le mot. Mais plus on les observe et moins on les comprend: ils font toujours autre chose que ce qu’on croit qu’ils font ou qu’ils vont faire. »

« Organe boudiniforme à la dérive - un toutrien embryonnaire à n’être pas encore - il y avait beaucoup de sang et je me sentais moi-même très liquide - je suis en fait né après ma naissance un peu comme je meurs avant ma mort - peu d’animation intelligible autour de moi - je crois que j’aidais ma porteuse à réfléchir - chaleur, mais de plus en plus à l’étroit - des bouffées d’angoisse parfaitement contenues - je ne rêvais pas puisque c’était le cauchemar permanent - le début ? bruit suintant d’une aiguille qui perçait un abcès - mais oui, je volais - je volais souvent pour aussi souvent m’enliser - vrai, faux ? hors de propos, tout était… génésique - pulsionnel, pesanteur pulsionnelle - boudinique et gonflant (souvent d’ailleurs impression d’ennui total) : extension immobile - un lent mais continuel étirement parfois voluptueux, parfois douloureux - euphorie ? je ne sais pas, plutôt indifférence immaculée - ma porteuse enceinte de moi ? non, moi plutôt entravée par elle - elle séjournait à l’extérieur de moi, filtre chaleureux, m’envoyant du sang et d’autres choses - moi, création - j’étais créateur inconscient, un processus d’expansion bien ordonnée - je savais que j’allais pouvoir toucher à tout infiniment - je ne pensais pas partage, je ne pensais pas ! j’étais processus pour être affecté, infiniment affecté sans doute à un processus identique, mais comment savoir ? - le seul trouble consistait en ce sentiment de sang, continu bruissement liquide et épais, dense, global, puis la viscosité, peut-être prolégomène de chair, mais je me sentais déjà devenir os - je-n’étais-pas ce que je-n’étais-pas-encore - par instants l’oppression, poussées de toute part, un creux bourdonnant qui faisait de moi comme un rouleau qui étalait mon inconsistance telle une pâte - mais pâte ni bonne ni mauvaise - je durcissait mais sans savoir où, topographiquement indécis en tout, y compris dans le durcissement - ce durcissement était contemporain je crois avec une demande, un attrait qui mouillait mes yeux - j’étais à l’acoustique comme on est au concert - bruits sourds, extérieurs venant perturber ou ponctuer mon expansion - tellement seul que ma solitude m’était inconcevable comme si on m’avait conçu pour rien que cela - ce qui m’eût empêché d’être dieu si une telle fantaisie aurait pu avoir prise sur moi - mon ossature devint ma première compagne de jeu - je jouais à me pénétrer avec mon pouce en le suçant là par où je pouvais sucer - à ces moment impression de gonfler de partout - alors je devins la plus grande synthèse de forces - un jour on me jetta ce qu’on appelle le monde dans les poumons - commença une étrange période de rêve - faut-il en dire plus ? »

« [Le Breacher] se placentarise lui-même dans la mesure où il offre à toute personne croisant son chemin, à la manière d’un coussin intra-utérin, une expérience inexplicable de proximité - une sorte de liaison immémoriale qui crée entre les personnes qui se voient pour la première fois une ouverture telle qu’on ne peut la trouver qu’au Jugement dernier, ou dans l’échange non-verbal entre fœtus et placenta. » (Sloterdijk, in Bulles)

« Ceux que j’ai rencontrés - et qu’on ne me raconte pas que tout ça est une vaste fumisterie -, c’est après coup que je m’en suis rendu compte. Sur le moment non, comme les autres, parce que j’étais chaque fois très à l’aise avec eux, un peu comme si je les avais toujours connus. Aujourd’hui que le mystère est devenu moins épais, la réalité n’en est que plus charmante ! »

« Ce ne sont que des animaux domestiqués, et plutôt deux fois qu’une. Nous, c’étaient les prêtres puis les instituteurs qui faisaient le relais faussement pacificateur entre notre bestialité et notre mauvaise conscience. Cette éthisation désormais disqualifiée, l’Empire américain, avec son parc de Breachers comme caution, prétend vouloir faire la police mondiale en transformant le camp à bestiaux de l’ancienne espèce en camp de concentration soft. Bref, je me méfie d’eux, tout comme je me méfie de votre enthousiasme puéril. Crois-moi, au risque de faire vieux jeu, le camp des Breachers n’est qu’une évolution des espèces mal assistée, et ta nouvelle espèce, tes Breachers, avec leur "étrange empathie", comme tu dis, vivent et respirent sur nos dépouilles. En d’autres mots, notre disparition conditionne leur survie. Je ne sais pas si le Marché y perd ou y gagne, moi je préfère garder mon libre arbitre. Tes Breachers ne sont que des avortons cybernétiques… »

« Les breachers savent, comme le dit Watslawik, que "la confusion déclenche la recherche immédiate de la signification afin de diminuer l’angoisse inhérente à toute situation incertaine". Ils s’inscrivent dans une réalité et une perspective technico-anthropo-ontologique quand il est rappelé, que "toute conception est une construction humaine (et non oecuménique) qui naît de la nécessité pour l’espèce humaine d’ordonner le monde, de dessiner dans le chaos de l’"état de nature" des points de repère qui vont neutraliser la peur immanente à ce que l’homme appréhende comme inconnu". On y dit aussi que l’homme "a besoin d’identifier rapidement, comme en un mouvement animal de protection et de défense". Tout cela semble inné chez les Breachers. Vivre dans la sphère locale des breachers est alors autant une possibilité concrète de jouissances artistique et intellectuelle qu’une préparation à la survie dans un monde qui, quel qu’il soit, sera incapable d’utiliser les Breachers comme caution à sa nouvelle maîtrise technopolicière. »

« Le Breacher - caution du pouvoir nouveau, en passe de devenir son totem sacralisé -, issu de l’amour inconsidéré du même pour le même, offre à l’autre cette passion libératrice ; paradoxalement il sort l’identique de son placard narcissique et entend Écho là où l’identique originaire, l’ancienne espèce, n’entendait, dans la consomption, que son propre souffle désirant. »

« Ce qui est sûr en tous cas : la machine célibataire a accouché de ce qui au regard de sa propre essence est un "monstre". Non pas que le Breacher s’insurge contre ses "maîtres", mais "l’animal étrange" incite paradoxalement les maîtres à s’insurger contre leur propre bestialité. Il est un révélateur, dans le sens presque sacerdotal du mot, sauf que nul Breacher ne prie dans les Temples des maîtres et que, sous prétexte de préserver leur vie encore fragile, aucun Breacher n’est enrôlé dans les actions policières de l’Empire néo-chrétien. »

« Le Breacher est membre (d’un parc à homo virtualis) ; "celui qui non seulement connaît les règles, les rites, les ordres, les implicites des conduites, mais en outre les a à ce point assimilés, qu’il ne les discerne plus". À ceci près que, quelque rares que soient ceux qui ont pu pénétrer dans leur monde mental, nous savons qu’ils sont membres d’une collectivité d’affect, mais nous sommes encore incapables d’interpréter ou de décrypter leurs conduites implicites et nous restons le plus souvent médusés devant leurs rites et leurs règles. Même nos méthodes ethnologiques sont devenus faillibles face à cette espèce. »

« Il m’a dit qu’il était devenu vain de discuter de cette chose hors des normes bio-culturelles. Je lui ai demandé ce qu’il pensait des sanglantes répressions qui ont eu lieu à Taiwan. De nouveau il a eu ce sourire. "Je ne suis qu’une interprétation de la nature", fut sa réponse énigmatique. Je lui demandai si la nature excusait ce "massacre". Il m’a pris la main : "Ne soit pas méfiant et surtout pas défiant à l’égard de la nature." »

« Ils ne dissimulent rien, ils simulent et j’entendais tout à coup cela dans le sens d’une stimulation. "Simplement, je me stimule en machine". Après quoi ils vivent comme nous dirions sans ne se faire plus aucun souci. Ni faim, ni maladie, ni mort. "Et l’amour, la réciprocité dans l’amour?" ai-je demandé. "Si l’objet de mon amour n’est pas d’humeur réciproque, il suffit de lancer une simulation". "En lancerais-tu une pour moi ?" osais-je. Gentil rire, puis : "Équipe-toi d’abord d’organes adéquats". »

« Dans les propos d’un groupe de brécheurs on entend souvent des mots comme "fertilité", "fécond", et même "engendrement"… "Tu es un ami fertile", "Cette danse m’a engrossé de joie", "Viens-en aux faits, sois fécond !", "Un engendrement vaut mieux que deux tu l’auras !" Cela est d’autant plus surpenant pour nous que nous savons de quelle façon ils ont vu le jour. Ce subtil je ne sais quoi sans ombre, cette atmosphère de bonheur qui nous saute aux yeux résulte peut-être tout simplement du fait qu’ils ont pris la forme de leur rêve… qu’ils ont accouché de leurs rêves, qui seraient ceux-là mêmes que nous n’avons jamais pu accomplir. » (C. Jaherson).

« Imaginons que nous nous situions dans un "tout autre" champ représentatif. Issu non plus de la biparité sexuelle, "délivré" en quelque sorte du lien familial traditionnel et même archaïque, le Breacher ne s’ancre plus dans le schéma psychanalytique classique; ni le "moi" ni même le "surmoi" de ses ancêtres n’auraient le même sens pour lui. En d’autres mots, son "individuation" s’est fait autrement, dans une sphère qui pour nous résonnerait comme l’hétérogène. L’information se serait fait de façon à lui fournir un autre principe de réalité qui, compte tenu de notre structure mentale, nous serait inaccessible. C’est ainsi que dans le processus d’évolution, au-delà même de l’instrumentalisation dont il aurait fait l’objet de la part de ses manufacturiers, le Breacher représenterait une speciation nouvelle, en quoi, de fait, il violente l’idée que nous nous faisions de l’évolution des espèces… » (Piscal Pacq).

« Il serait exagéré de dire que le Breacher est une configuration vierge sur laquelle ou en laquelle viendraient s’imprimer les observations faites pour, ensuite, activer des attitudes et des tempéraments qui lui seraient propres. Mais il y a sans doute quelque chose de cet ordre. Imaginons… Il serait alors vraisemblable - puisqu’il est acquis que le Breacher est reproductible ou duplicable et, partant, qu’il nous succède dans le processus de l’évolution - que se produise un effet de feed-back, de retour sur l’ancêtre. Il serait donc envisageable que l’ensemble de l’espèce, l’ancienne et la nouvelle, subisse ce que Nietzsche aurait appelé une transvaluation améliorante. Tout dépend de la nature des événements qui auront lieu lors de nos rencontres, tout dépend de ce que donneront nos rencontres, compte tenu de leur conditions, leur contexte social et autres, leurs lieux, etc… »

« Parler d’un parc de Breachers reste abstrait, nul ne sait combien parmi eux se dispersent en dehors de leurs lieux de manufacture. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’infiltrations programmées ; on a trop tendance à revenir sur les lieux communs de la science fiction d’autrefois. Le lieu objectif du Breacher est situé dans les structures des maîtres de l’Empire qui n’a pas besoin du Breacher pour fortifier son expansion. Mais où que ce soit, on peut se retrouver face à un Breacher ou un petit groupe de Breachers. Le Breacher, de plus en plus, sera virtuellement partout. »

« Il surmonte constitutivement deux fois la fragilité de l’être ; une fois le "faire" de son manufacturier, une autre fois le faisant, c’est-à-dire le manufacturier lui-même. Il concilie en lui l’observé et l’observateur, il est l’observateur observé et l’observé observateur. Il incarne une polyvalence de l’observation. »

« Enfants de la globalité, vous savez induire les singularités à partir du multiple. Votre nature multiple vous renvoie "tout naturellement" vers la singularité, mais une singularité sans accrocs, une singularité authentique qui aurait été incluse dans le meilleur du multiple et dont vous seriez devenus - hors volonté des manufacturiers - les dépositaires. »

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